COMMENT faire reculer les déserts médicaux ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les intervenants de la conférence inaugurale du Medec 2009. Pour le Dr Michel Legmann, président du conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), cette question ne doit pas seulement être abordée sous l’angle de la démographie médicale. Des raisons sociologiques sont également à prendre en compte. En effet, les statistiques ordinales montrent que, depuis 1997, le mode d’exercice salarié progresse au détriment de l’activité libérale. Près de 7 médecins sur 10 choisissent désormais le salariat et près d’un quart d’être remplaçant ; seulement 9 % des médecins nouvellement inscrits au tableau ont opté pour l’exercice libéral en 2009. Quant à l’idée que les praticiens communautaires ou extracommunautaires pourraient permettre de pallier le manque de médecins dans les villages, elle semble loin des réalités du terrain. Sur les 1 160 médecins roumains exerçant en France, 89 % ont en effet privilégié une activité salariée et les 10 % qui exercent en libéral se sont généralement installés dans une zone urbaine non déficitaire.
Rendre l’activité libérale davantage attractive est donc une des pistes à suivre pour combler le déficit de médecins généralistes dans certaines zones, suggère en substance Michel Legmann. « Le sujet à prendre en considération est le déficit d’entrée dans la profession, souligne le Dr Martial Olivier-Koehret, président de MG-France. Désormais, les jeunes diplômés souhaitent des conditions de vie meilleure que celles que nous avons aujourd’hui », poursuit-il.
Des pôles de santé.
Frédéric van Roekeghem, directeur de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), estime pour sa part que mener seulement une politique de revalorisation tarifaire ne suffit pas. « Les choix d’installation des médecins ne sont pas uniquement liés aux honoraires qu’ils perçoivent », observe-t-il. Pour lui, la réponse à la désertification n’est pas forcément de remplacer chaque médecin qui s’en va, mais plutôt de constituer des pôles de santé pluridisciplinaires permettant de stabiliser l’offre de soins.
Le Pr Laurent Degos, président de la Haute Autorité de santé (HAS), défend la même idée. Grand partisan de la coopération interprofessionnelle, il explique qu’il faudra trouver un moyen de regrouper les professionnels dans un même lieu. « Une nouvelle entité devra apparaître dans laquelle s’épanouira cette coopération », précise Laurent Degos.
À écouter les uns et les autres, il ne semble pas y avoir de solution miracle pour mettre fin aux déserts médicaux. Une chose est sûre, les praticiens s’opposent à une remise en cause de leur liberté d’installation.
Le gouvernement, à travers la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), qui vient d’être adoptée en première lecture par les députés, n’en a d’ailleurs pas l’intention et mise plutôt sur des mesures incitatives. C’est le message adressé par Roselyne Bachelot, retenue à Matignon, aux participants du Medec par la voix de la directrice de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS), Annie Podeur. La ministre de la Santé indique en effet qu’elle reste « très attachée à la liberté d’installation » et affirme que la loi HPST qu’elle défend ne contient « pas de mesures coercitives » en la matière.
Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), craint, lui, que cette loi signe la fin de l’exercice libéral de la médecine. Et de minimiser l’ampleur de la désertification médicale. « Dans 95 % des cantons, les patients disposent d’un médecin à moins de dix minutes de leur domicile », assure-t-il. Au final, évalue le président de la CSMF, le désert médical ne concerne que 4 % de la population française. « Ce qui correspond tout de même à 2,5 millions de personnes », lui fait remarquer Frédéric van Roekeghem.
Limités dans l’espace, Michel Chassang estime que les déserts médicaux sont également limités dans le temps, grâce à l’augmentation du numerus clausus. Il fait aussi remarquer que les choses évoluent : « 51 % des nouveaux installés sont aujourd’hui des généralistes, c’est deux fois plus qu’il y a quatre ans ». En fait, selon le président de la CSMF, dans une dizaine d’années la situation s’améliorera. Aussi, à ses yeux, il est essentiel de ne pas prendre de décision trop hâtive. « Il faut raison garder et ne pas remettre en cause la liberté d’installation, pilier de la médecine libérale », prévient-il.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion