La retraite des pharmaciens libéraux, on le sait, est composée, de deux régimes : le régime de base, géré par la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL), et le régime complémentaire, géré directement, lui, par la CAVP. Depuis deux ans, ce second régime comporte une part de capitalisation obligatoire, en plus de la part gérée traditionnellement en répartition.
« Notre système de retraite est à ce jour le seul, parmi les différentes professions libérales, à détenir une part de son financement gérée par capitalisation », a souligné devant de nombreux responsables de la profession Monique Durand, qui préside la caisse de retraite des pharmaciens, lors des « Rencontres de la CAVP » organisées le 24 novembre dernier. De fait, rappelle Monique Durand, la capitalisation représente désormais une part très importante de la retraite des pharmaciens, et « la CAVP fait aujourd’hui figure de modèle », pour les autres caisses de retraite libérales.
Pour les administrateurs de la CAVP, le tournant de la capitalisation était donc nécessaire, d’autant qu’il ne remet pas en cause le principe de solidarité interprofessionnelle avec les autres régimes de retraite de base, dont la compensation nationale est l’illustration : la CNAVPL est l’un des plus gros contributeurs à cette compensation.
Des retraites plus longues
Mais si le système de retraite des pharmaciens fait figure de modèle, il faut également le préserver. Pour l’instant, les droits des affiliés sont garantis jusqu’en 2040. En réserves et provisions, la CAVP dispose aujourd’hui de plus de sept ans de prestations pour le régime complémentaire par répartition, et de près de 130 % des engagements de retraite pour le régime complémentaire par capitalisation.
Cependant, la CAVP, comme les autres caisses de retraite, devra faire face dans le futur à une espérance de vie qui ne cesse d’augmenter, et ce d’autant que parmi les pharmaciens libéraux, 54 % sont des femmes, avec une espérance de vie plus longue que celle des hommes. Cet allongement de la durée de vie a des conséquences très concrètes à la CAVP comme ailleurs : dans les régimes par répartition, le rapport cotisants/allocataires baisse régulièrement. On est ainsi passé de trois actifs cotisants pour un retraité allocataire en 1981 à deux actifs cotisants pour un retraité en 2006, et, si rien ne change, on passera à un actif cotisant pour un retraité en 2021.
« Les ressources issues des régimes de retraite par répartition sont en baisse partout. La démographie pose des problèmes à tous ces régimes, et la croissance économique n’est plus suffisante. Au contraire, la capitalisation permet de capter une dynamique de revenus en dehors du territoire national et de réduire la dépendance à l’économie française », a commenté Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management, lors de cette journée organisée par la CAVP.
Des cotisants moins nombreux
Mais surtout, la CAVP doit « prendre en compte » aussi la diminution du nombre de ses pharmaciens affiliés. L’officine attire moins les jeunes diplômés, ce qui se ressent dans le nombre de cotisants, détaille, chiffres à l’appui, Monique Durand. Il y a eu ainsi 442 cotisants de moins entre juin 2015 et juin 2016 dans le régime de base, et 427 cotisants de moins, dans le même intervalle, dans le régime complémentaire en répartition. La baisse des effectifs des cotisants est constante dans ces deux régimes depuis 2012 alors que, dans le même temps, le nombre d’allocataires a augmenté sensiblement. Le régime complémentaire par capitalisation n’est pas épargné non plus par ce phénomène, avec 448 cotisants de moins entre juin 2015 et juin 2016.
Au total, parmi les différentes caisses de retraite de professions libérales, la CAVP a l’un des rapports démographiques les moins favorables, loin derrière la caisse de retraite des auxiliaires médicaux ou celle des vétérinaires, par exemple. Alors, certes, le volet du régime complémentaire géré par capitalisation permet de limiter l’impact de ces phénomènes démographiques tout en sécurisant le niveau des retraites. Mais « peut-être faut-il d’ores et déjà réfléchir à des solutions », indiquent les administrateurs de la CAVP.
L’une d’entre elles consisterait par exemple à permettre aux adjoints, dont beaucoup prennent des parts dans le capital de leur officine, de pouvoir être affiliés à la CAVP et de cotiser au régime complémentaire, au moins pour la part par répartition. En tout cas, conclut Monique Durand, si les réserves de la CAVP vont aider celle-ci à passer le cap d’une démographie difficile, « nous aurons sans doute à faire une nouvelle réforme du régime par répartition de notre caisse pour le pérenniser ».
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