Une bonne fraction de la majorité reproche à François Hollande de pratiquer la politique quil n’avait pas annoncée. Ceux des socialistes qui enragent contre lui n’ont pas su se faire une raison : ils renvoient le chef de l’Etat à ses promesses de campagne électorale (c’était pourtant il y a quatre ans) et à son fameux discours du Bourget, comme si les aléas historiques ne contraignaient pas la direction d’un pays à s’adapter aux conjonctures inattendues. Certes, le président de la République a péché, en 2012, par optimisme, ou plutôt par confiance en un retournement économique qui suffirait à valider son programme et à augmenter sa stature. Mais le seul fait qu’ils se réfèrent à des idées d’il y a quatre ans suffit à démontrer leur archaïsme. M. Hollande pourrait commencer par leur dire que ce qu’ils considèrent comme un parjure n’exprime rien d’autre que la souplesse de son esprit et sa faculté à s’adapter. Il préfère balbutier qu’il est resté fidèle à lui-même, ce qui, si c’était vrai, achèverait une réputation déjà médiocre.
En réalité, et sous couvert d’une apparente sérénité, le président est un fieffé activiste. On pouvait être terrifié par ses projets de 2012, mais ils indiquaient une volonté d’agir tous azimuts, sous l’éperon, il est vrai, de la surenchère mélenchoniste. C’est de la même manière que, une fois au pouvoir, il n’a rien imaginé de plus juste qu’un matraquage fiscal qui lui a aliéné à la fois les riches et les pauvres, les entreprises et leurs salariés. Mais au moins le pouvoir bougeait-il, si l’on peut dire. Puis, face au désastre qu’il a si bien conçu, il a changé de Premier ministre, non sans avoir annoncé qu’il rendait aux entreprises ce qu’il venait de leur prendre et lancé enfin une politique réformiste que la droite n’eût pas désavouée. Sous son allure bonhomme, sous son maintien modeste, sous la maîtrise qu’il a de lui-même, continue à bouillir celui qui décide et qui fait les choses. La guerre, en Syrie puis au Mali, lui donne des ailes, le transforme en bagarreur, puis en stratège. Dans l’engagement militaire de la France, il excelle.
Un coup de trop.
Face au terrorisme, il nous retrouve tous autour de lui. Et à chaque attentat, il trouve les mots justes et prend les décisions qui nous rassurent un peu. Ces rares instants où sa cote de popularité se redresse lui montent à la tête et lui embrument l’esprit jusqu’à ce que, non content de tenter de séduire l’électorat de droite, il décide de s’adresser à celui du Front national en s’emparant de la déchéance de nationalité. L’état d’urgence, nous comprenions. Mais la déchéance heurtait l’âme de quiconque place toutes ses certitudes dans son appartenance à la nation. Un coup de poker de trop, une erreur qui ne fâche pas seulement les frondeurs. Tout à coup, le pays croit découvrir la vraie nature de celui qui la gouverne. Elle le prend naïvement pour un potentat qui se cache, pour un homme qui n’a pas de convictions.
Observez ce qui se passe maintenant. L’Assemblée et le Sénat ne prolongeront pas l’état d’urgence au terme des trois mois supplémentaires que le pouvoir a obtenus, et peut-être est-ce dommage, car la menace terroriste n’a pas disparu, loin de là. Ils entendent faire un sort à la déchéance, hochet agité pour les électeurs du Front, pas assez bêtes pour s’enthousiasmer. Quant à la réforme du travail, elle est coupée ici et là, on y ajoute quelques gadgets, on va essayer de satisfaire tout le monde, on n’y parviendra pas et, au lieu d’avoir un nouveau Code capable de créer des emplois, on finira avec l’ancien système, aménagé pour coûter un peu plus cher. C’est à désespérer. Mais M. Hollande croyait-il sincèrement que, à un an de la fin de son mandat, il allait procéder à un tel chamboulement dans les relations sociales sans faire sortir dans la rue tous les manifestants professionnels qui n’attendent que l’occasion de protester ? François Fillon dit qu’il était impossible de réformer le travail en fin de quinquennat. Je me permets de lui répondre que les chômeurs ne peuvent pas attendre. Mais j’ai peur qu’il ait raison quand même.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion