Le répit apporté aux pays industrialisés par ces facteurs favorables a permis à la croissance de rebondir aux États-Unis et dans quelques pays européens, par exemple la Grande-Bretagne. De nombreux États ont réussi à réduire le chômage avec une croissance médiocre. Les pays émergents ont été sonnés dès l’année dernière par la baisse des prix des matières premières, par exemple la Russie, avec une croissance négative. La France, pour sa part n’a pas fait baisser son taux de chômage ; ses grandes entreprises vont afficher de bons résultats pour 2015, il n’en sera pas de même pour 2016, avec tous les orages qui grondent. Elle n’a pas eu le temps (ou la volonté) d’agir avec vigueur pour le retour à l’équilibre budgétaire alors que l’Allemagne présente, depuis l’année dernière, un budget excédentaire de plusieurs milliards d’euros. La France sera donc particulièrement vulnérable à un ralentissement de l’activité mondiale.
Si des efforts ont été fournis depuis 2008, année du commencement de la « grande crise », pour réduire la spéculation et les bulles financières, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, les gouvernements n’ont pas su empêcher les acteurs financiers de retomber dans leurs travers habituels, par exemple l’accumulation de dettes censées être remboursées en période de croissance, mais qui deviennent insolvables si les marchés se replient. Il n’y aura pas cette fois de faillites dans l’immobilier. Cependant, les Américains se sont lancés dans un énorme programme d’extraction de pétrole et de gaz des schistes bitumineux qui, certes, a beaucoup contribué à la croissance de leur pays depuis six ans. Mais des investissements considérables ont été faits dans le secteur de l’énergie sur la base d’un baril à cent dollars. À 30 dollars le baril, les prêts consentis à l’industrie pétrolière ne valent plus grand chose. Ce qui est apparu comme un immense bienfait (sur le plan économique sinon écologique) devient cette année un boulet.
Deux politiques divergentes.
La baisse du prix du pétrole a permis de remettre de l’argent dans la poche des consommateurs des pays industrialisés. La baisse des taux d’intérêt est sur le point, en France, de relancer l’immobilier. La politique très accommodante de la Banque centrale européenne, qui rachète les dettes créées par le marché, a été saluée par les bourses du monde jusqu’au moment ou cette politique risquait d’alimenter une bulle financière. La promesse de la BCE de maintenir le cap a permis aux bourses européennes de rebondir vivement jeudi et vendredi derniers. Il demeure que son programme est en contradiction avec celui de la Banque fédérale des réserves (États-Unis), qui a décidé de réduire ses rachats de dettes progressivement. Cette distorsion entre les politiques économiques des deux rives de l’Atlantique peut avoir à terme des effets négatifs.
Si nous sommes démunis pour les mauvais jours, c’est parce que notre gestion laxiste de la dette (qui atteint quelque 98 % de notre produit intérieur brut) n’est pas compensée par des paramètres économiques équilibrés. Un taux d’inflation à 2 %, qui est l’objectif de toutes les banques centrales, nous permettrait de réduire notre dette sans que nous nous ayons à faire un effort particulier. Malheureusement, l’inflation est quasiment nulle en Europe. De même, le niveau très bas des taux d’intérêt nous permet d’emprunter de l’argent à 0,86 % par an pour une durée de dix ans. De cette façon, nos emprunts sont faciles à financer. Mais quand les taux augmenteront, et cela ne saurait tarder, le flux des renboursements assortis d’intérêts trop élevés deviendra très vite insoutenable.
La crise va déferler sur une France qui, contrairement à de nombreux pays, n’a pas consolidé sa situation financière, n’a pas créé d’emplois, ne dispose que d’une marge très étroite pour ses investissements publics. Quand François Hollande a accédé au pouvoir, son gouvernement exigeait des taux d’intérêt plus bas, un euro dévalué, de l’énergie à bas coût. Toutes choses que la France a obtenues par le seul fonctionnement des marchés mais qui n’ont guère contribué à son emploi et à sa croissance. Nous allons entrer dans une crise avant d’être sortis de la précédente.
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