Elle jure que non. Qu’elle ne veut être ni Premier ministre ni président. Qu’elle souhaite seulement ramener le PS à ses fondamentaux, broyés par une politique économique qui ne satisferait que le patronat et une politique tout court où la déchéance de nationalité a l’odeur de l’extrême droite.
On a envie de lui dire que c’est bien tard pour se présenter comme l’arbitre du conflit de tendances au PS et comme la référence idéologique autour de laquelle le président de la République doit réorganiser son programme à treize mois des élections.
Elle donne peut-être un espoir à la gauche de la gauche et, au-delà, aux mélenchonistes et aux communistes, mais cet espoir n’est rationnel que si la maire de Lille va au bout de sa démarche, si elle pulvérise Manuel Valls, si elle oblige François Hollande à changer de cap et si, au fond, elle se moque de ce que, au terme de cet immense charivari, la gauche perde les élections et retourne pour longtemps à l’opposition.
Retour à la pureté originelle
C’est peut-être ce qu’elle cherche en connaissance de cause, alors que ceux qui l’accompagnent et la soutiennent croient à une rédemption si profonde et si sincère de la gauche qu’elle ramènerait vers elle une opinion publique qui n’y croit plus. Ce n’est pas sur ces émois existentiels, ces considérations philosophiques, cette dialectique assommante entre ceux qui se réclament du dogme et ceux qui s’en détachent que se construit une action gouvernementale.
La faiblesse de Martine Aubry, aussitôt soulignée par Manuel Valls, qui n’a vu dans le texte qu’elle a co-écrit avec Daniel Cohn-Bendit et d’autres aucune proposition nouvelle, c’est qu’elle se place au niveau du jugement du maître d’école, comme si elle craignait, au contact du « faire », de perdre sa pureté originelle, comme si, au fond, elle ne croyait pas que son camp, celui qu’elle divise avec tant de hargne, doive rester au pouvoir, comme si laisser la droite affronter une crise aiguë, accorder à la gauche une longue période de carême, faire des errements hollandais table rase et revenir à des projets irréalisables mais sûrement socialistes était la seule bonne alternative.
Mme Aubry n’ignorait pas que le président s’apprêtait, le mois dernier, à procéder au remaniement gouvernemental. C’est alors qu’elle aurait dû intervenir et peser sur la composition de la nouvelle équipe. C’est alors qu’elle aurait dû demander la tête de M. Valls, sa bête noire. Peut-être l’a-t-elle fait et a-t-elle été ignorée.
Mais là, maintenant que le dernier gouvernement Hollande est composé, à quoi rime une explosion de colère (« Trop, c’est trop ! ») qui n’a de sens que si elle débouche sur un engagement immédiat des auteurs du texte publié dans « le Monde », une action à la fois assez forte, courageuse et tactique pour changer le cours des événements. Mais comment ? N’est-il pas trop tard ?
Il est peut-être rafraîchissant de dire ce que l’on pense, mais la politique est un récit auquel ses acteurs doivent donner un contenu, pas un jugement moral. Au fond, Martine Aubry vient d’acter le début du retour du PS à l’opposition. Au fond, elle est plus indignée par la brutalité sémantique du projet de loi réformant le code du travail que par les impératifs qu’il souligne et auxquels, tout simplement, elle ne veut pas être associée.
Que la droite accomplisse son œuvre scélérate, qu’elle prenne le pouvoir, qu’elle lance des réformes qui la disqualifieront à jamais et qu’elle paiera ensuite par d’immenses revers politiques ! Que la gauche reste en retrait, pure, candide, immaculée, et se contente de préconiser des solutions qui n’ont plus cours, qui sont tellement obsolètes qu’elles n’ont aucune chance d’être adoptées.
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