IL Y A ENCORE quelques jours, nombre d’élus socialistes et de membres du gouvernement paraissaient céder à la panique et craignaient un résultat des municipales tellement désastreux pour la gauche qu’il mettrait en danger le reste du quinquennat de François Hollande. Aujourd’hui, cette crainte commence à se dissiper, pas tant parce que les socialistes vont gagner mais parce qu’ils vont probablement résister dans des localités assez symboliques pour qu’ils en tirent un « élément de langage » positif pour eux. Les bons points, les voilà : la position du PS est imprenable à Lille (Martine Aubry) et à Lyon ; NKM va perdre à Paris et Anne Hidalgo sera sacrée reine de la capitale ; il n’est pas impossible que la gauche arrache Marseille à Jean-Claude Gaudin, qui n’a toujours pas compris qu’il briguait le mandat de trop et ne sait plus que se plaindre du forcing du gouvernement, présent dans la campagne comme il ne l’a jamais été ailleurs.
Comment gagner tout en perdant.
S’ils se confirmaient, de tels résultats n’empêcheraient pas un recul, ou une débâcle de la gauche dans les grandes villes de plus 100 000 habitants, un bon score de l’UMP dans les mêmes villes et un renforcement du Front national, qui espère emporter notamment Toulon, Fréjus et Hénin-Beaumont. Mais, au point où en est le parti de gouvernement, quelques triomphes (surtout à Paris, où Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas su s’imposer), suffiraient à faciliter sa communication et à présenter comme une forte résistance ce qui serait tout de même une défaite, d’autant que, dans toute consultation qui suit les élections présidentielle et législatives, le parti au pouvoir, traditionnellement, recule.
Il est sûrement trop tôt pour tirer les conclusions d’une élection qui n’a pas encore eu lieu et il y aura sans doute des surprises qui modifieront en profondeur quelques analyses actuelles. Il est clair toutefois que l’UMP aura été incapable de transformer en soutien en sa faveur la grande désaffection que le pouvoir inspire à l’électorat. Elle s’est divisée, elle a trop de chefs en concurrence, Nicolas Sarkozy fait peser sur son avenir une forte incertitude et elle continue à traîner des casseroles. L’offensive frontale du « Point » contre Jean-François Copé, que le magazine accuse d’avoir surpayé à une entreprise de communication la campagne de 2012 contribue, à tort ou à raison et jusqu’à plus ample informé, à renforcer l’idée que, décidément, l’UMP n’a pas changé.
L’indignation contre la politique économique et sociale de M. Hollande profite au FN bien plus qu’à l’UMP. L’UDI de Jean-Louis Borloo n’est pas en meilleure forme : son leader est malade, assez sérieusement pour être privé de politique pendant quelques mois. L’alliance de l’UDI avec le MoDem n’a pour l’instant qu’une conséquence : elle va permettre à François Bayrou d’emporter la mairie de Pau. Mais, partout en France, des centristes se sont alliés aux socialistes pour les municipales, comme on le voit par exemple à Paris. Le flou idéologique du centre est une sorte de maladie congénitale. Il est bon d’afficher sa liberté en toute circonstance, mais, sur le terrain, les alliances avec les socialistes sont d’un éclectisme infini : ici, avec les communistes, là, bien sûr, avec EELV, parti qui gouverne, mais qui mange à tous les râteliers, ailleurs avec les centristes. Les municipales sont-elles vraiment des élections locales et apolitiques ? Disons plutôt que l’on trouvera dans les résultats du 30 mars les signes avant-coureurs d’un grand chambardement des partis.
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