Serait-ce une remise en cause des multiples bienfaits attribués à la vitamine D en médecine ces dernières années ? Si la problématique n’est pas exposée en ces termes par la HAS, cela y ressemble tout de même un peu. L’autorité sanitaire recommande de réserver le dosage sanguin de 25(OH)D « au diagnostic de rachitisme et d’ostéomalacie, aux mentions d’AMM des médicaments de l’ostéoporose et à certaines situations cliniques particulières : personnes âgées faisant des chutes répétées, suivi ambulatoire de l’adulte transplanté rénal au-delà de 3?mois après transplantation, traitement chirurgical de l’obésité chez l’adulte ».
Des incertitudes, peu de preuves.
Dans toutes les nombreuses autres situations examinées, – à savoir mortalité, chute, performance fonctionnelle, cancer colo-rectal, cancer du sein, cancer de la prostate, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires, allergie, maladies auto-immunes, diabète de type 2, maladie rénale chronique, grossesse, maladies infectieuses, performances cognitives, profil lipidique, mucoviscidose –, la HAS accuse « les nombreux domaines d’incertitudes », conclut sobrement à l’insuffisance de données et se contente de préconiser « la réalisation d’études de qualité sur l’utilité du dosage ». Tout en prenant garde d’ajouter « que ce travail n’a pas porté sur l’intérêt d’un traitement par vitamine D ni sur les doses à utiliser ».
Dosages multipliés par 10 depuis 2005.
Il n’est pas très difficile de s’imaginer en effet la stupéfaction, sinon l’effroi, des tutelles devant l’envolée du nombre de prescriptions de dosage de la 25(OH)D au fil des innombrables bénéfices alloués à la vitamine par la communauté scientifique ces dernières années. « Entre 2007 et 2009, le volume de ces dosages a augmenté de 250 % et il a été multiplié par 10 depuis 2005, le montant remboursable de cet acte s’élevant à 52 millions d’euros, (...) et en 2011 à 92 millions d’euros ». Il faut bien avouer que les bienfaits supposés n’ont cessé de se multiplier, dépassant très largement la sphère de l’appareil locomoteur. Pas étonnant alors, que, dans un contexte de méfiance grandissante pour les médicaments, praticiens et patients se soient engouffrés dans la brèche rassurante d’un remède « naturel ». Mais s’en est trop pour la Caisse nationale d’assurance maladie et la Direction générale de la santé qui ont tiré la sonnette d’alarme et ont saisi la HAS pour en préciser les indications.
Même chez les personnes âgées, la HAS estime que l’étude relevée est trop peu étayée et ajoute de manière plus large pour toutes les personnes à risque de fracture qu’il serait nécessaire de mener « des études visant notamment à confirmer l’existence d’une valeur seuil utile à la décision thérapeutique ». Le GRIO (Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses) avait publié des recommandations pour la substitution en vitamine D de l’adulte dans un article paru en 2011 dans la Presse Médicale, plaçant le seuil à 30 ng/ml avec proposition de schémas thérapeutiques selon la valeur initiale.
La Presse Médicale, tome 40, n°7-/8, juillet-août 2011.
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