SI LA QUESTION du pouvoir d’achat reste lancinante à cause de la progression de la pauvreté en France, il en va différemment pour la bataille que mènent les chercheurs contre la réforme des universités. Comme au lycée, les personnels concernés se battent contre un inévitable changement, affirment non sans hypocrisie qu’ils sont pour la réforme, mais pas celle-là, et réclament la non-suppression des postes d’enseignants vidés par les départs à la retraite. Le mouvement général qui anime le monde scolaire et universitaire est celui du conservatisme, mais il est très puissant.
Le gouvernement a réagi à cet obstacle par des mesures qui font douter de sa propre conviction. La réforme de l’enseignement secondaire a été ajournée et va faire l’objet d’une concertation qui repart de zéro ; cela signifie que le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, est à bout de souffle, au point qu’on a désigné Richard Descoings, l’homme qui a fait entrer les minorités à Sciences-Po, pour lui apporter un peu d’oxygène. Pour ce qui est de la recherche, on laisse la ministre, Valérie Pécresse, se débattre contre les néfastes effets d’un décret qui a été pris pour modifier le statut des chercheurs, lesquels seraient évalués régulièrement afin que la répartition de leur travail entre recherche pure et enseignement soit mieux assurée. Ils n’en veulent pas ; et là encore, on a doté Mme Pécresse d’un médiateur, Claire Bazy-Malaury, dont la compétence est grande, mais dont la nouvelle mission semble indiquer que la ministre ne peut plus s’en sortir seule.
L’inquiétude à peine cachée de l’Élysée et de Matignon vient de ce que le climat général, marqué par une crise profonde qui entame largment les forces vives du pays, est extrêmement mauvais. Nicolas Sarkozy craint de toute évidence une explosion sociale qu’il risque de ne pouvoir contrôler. D’un côté, il réaffirme ce qui est logique, à savoir que, pendant la crise, les réformes doivent se poursuivre ; de l’autre, il se demande si un moratoire sur les réformes n’est pas devenu indispensable, l’opinion ne pouvant supporter à la fois le désastre causé par une crise venue d’ailleurs et un activisme gouvernemental qui la désatabilise un peu plus.
En même temps, il y a quelques problèmes que le pouvoir n’a pas vu venir. M. Sarkozy n’avait pas plus tôt annoncé le prêt de six milliards à Peugeot et à Renault que Peugeot annonçait la suppression de 6 000 emplois rien qu’en France, alors que les constructeurs automobiles venaient de s’engager à ne pas licencier et à ne pas délocaliser en échange des sommes qui leur sont prêtées. Peugeot a donc pratiquement commis un acte de forfaiture, même si Christian Streiff, appelé au téléphone par le chef de l’État, lui a juré qu’il s’agissait uniquement de départs « volontaires ». Il semble que le président se soit satisfait de cette explication peu convaincante, mais M. Streiff, en l’occurrence, aura tout fait pour inciiter l’opposition et les syndicats à pousser des cris de rage, cette fois plus sincères que les précédents.
De la même façon, une crise a saisi la Guadeloupe et s’étend à tous les DOM-TOM sans que les pouvoirs publics ne soient parvenus, jusqu’à présent, à trouver un accord avec les Guadeloupéens. Quant le malaise a commencé aux Antilles, il a fallu deux semaines à Yves Jégo, secrétaire d’État à l’Outre-Mer, pour qu’il se décide à se rendre sur place alors que des revendications, accueillies d’abord par l’indifférence des pouvoirs publics locaux, étaient parvenues à leur comble. M. Jégo négocie néanmoins, puis bute sur une hausse de 200 euros par mois pour tous réclamée par les syndicats. Il en parle comme il se doit à François Fillon, qui se fâche tout rouge et non sans raison, car le gouvernement venait de réaffirmer qu’il n’aiderait pas le pouvoir d’achat des Français par une aide directe. Il n’empêche que, si l’on se penche sur la situation des DOM-TOM, on y retrouve ce que l’on savait, des inégalités bien plus graves qu’en métropole et une exploitation du peuple par les monopoles. La crise de la Guadeloupe (et maintenant de la Martinique) risque de s’étendre et de s’aggraver dans la mesure où les DOM sont paralysés et presque privés de leur monoressource, le tourisme. Christiane Taubira, députée de Guyane, est donc fondée à dire que le tourisme ne peut plus être l’argument de l’immobilisme aux Antilles, qui souffrent depuis longtemps d’une crise spécifique, avant même d’être victimes, comme tout le monde, de la crise mondiale. Il est vrai que les transferts entre la métropole et les DOM-TOM sont considérables, mais, de toute évidence, on n’a jamais diversifié et augmenté la capacité productive de ces territoires qui restent assistés.
À ce tumulte, Nicolas Sarkozy apporte son propre fracas. Il a fait quelques déclarations très malheureuses lorsqu’il a ironisé sur le sort du Royaume-Uni, selon plus affecté que la France par la crise et lorsqu’il a dit qu’il fait en sorte que nos manufactures ne soient pas délocalisées en République tchèque. Le président énonce trop de jugements d’autant qu’ils sont contradictoires : il avait à peine félicité la compétence du Premier ministre anglais, Gordon Brown, qu’il s’apitoyait sur son sort ; il n’a montré aucun respect pour les Tchèques, actuels présidents de l’Union européenne. Sur ce point, M. Sarkozy est incorrigible. On est ravi de savoir qu’il regrette de s’être moqué du droit de grève (« quand il y a une grève, on ne s’en aperçoit plus »), mais le mieux serait qu’il ne soit jamais dépassé par ses propos.
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