LA FAUTE originelle du président de la République est d’avoir promis à Jean-Louis Borloo qu’il serait Premier ministre, puis de trahir sa promesse, ce que l’ex-ministre de l’Environnement a reçu comme un coup de Jarnac. Le malentendu tient surtout au fait que M. Sarkozy peut changer de stratégie dans l’heure et qu’il se laisse influencer par le dernier qui s’exprime, en l’occurrence François Fillon, lequel a énuméré tous les avantages que le chef de l’État aurait s’il ne changeait pas de chef du gouvernement. Après, l’entêtement, peut-être suicidaire, de M. Sarkozy à aller chercher, mais en vain, des voix dans l’électorat du Front national l’éloigne de tous les centristes ; ensuite, M. Fillon, soucieux de son image personnelle, n’a pas approuvé ce choix stratégique et n’a donc pas été, peut-être pour de bonnes raisons, le Premier ministre fidèle et reconnaissant que son patron espérait. Dans ces conditions, sans méchanceté, mais sans hésiter, Jean-Louis Borloo, qui estime qu’il aurait été meilleur que M. Fillon dans cette période troublée, a estimé qu’il avait une vie en dehors de Sarkozy et l’a fait savoir.
S’il quitte l’UMP, cela signifie-t-il qu’il annoncera sa candidature ? Personne n’a d’autre explication à fournir. Non seulement le président a écœuré les nombreux centristes qui servaient sa politique, mais il a fâché beaucoup des élus de l’UMP. Quoi de plus naturel que, au moment du scrutin national le plus important, ils apportent leurs voix à celui qui représente le mieux leurs idées ? Bien entendu, comme le dit M. Copé, s’il y a un candidat pour chaque sensibilité, la droite perdra. Ce qui fait sens sur le plan idéologique est donc absurde sur le plan stratégique. Sauf si M. Borloo croit pouvoir faire une campagne étincelante, s’il croit avoir une popularité personnelle qui ne demande qu’à croître, s’il obtient de multiples ralliements. Cet homme que personne ne perçoit comme un calculateur machiavélique serait donc en train de chercher à être présent au second tour.
Le projet Borloo, encore en gestation, vaut ce qu’il vaut. On reconnaîtra sa prudence et sa façon de cacher son jeu derrière sa sympathique bonhomie. Mais, pour Sarkozy, la candidature Borloo pourrait être le coup de grâce. Premièrement, sa récupération des voix du FN est inexistante, au moins pour le moment ; deuxièmement, il a peu de chances de convaincre Dominique de Villepin de ne pas se présenter, l’ancien Premier ministre lui vouant une haine tenace ; et bien sûr François Bayrou sera candidat. M. Borloo sait très bien que, si tout le monde se présente, la défaite de la droite est assurée. Il a assez de confiance en lui-même pour entreprendre M. Bayrou et M. de Villepin et tenter de les rallier à sa propre candidature, ce qui n’est pas gagné d’avance, d’autant que M. Bayrou le percevra comme un challenger qui vient chasser sur des terres qu’il laboure depuis longtemps. Il reste donc à M. Sarkozy un atout important, celui de faire comprendre à tous ses adversaires de droite qu’ils la conduisent à une déroute sans précédent. Il lui reste l’atout sans pareil du président sortant.
Le rôle de Guéant.
Le problème, pour le président, c’est son obstination à prôner, pour la sécurité et l’immigration, une politique aussi dure que celle du FN. S’il a nommé Claude Guéant au ministère de l’Intérieur en février, c’est pour clamer, hurler cette politique, pour que les électeurs n’aient aucun doute sur l’orientation répressive des pouvoirs publics. La façon dont M. Guéant a multiplié les petites phrases et « choqué » les belles âmes de la gauche éternelle est presque comique. On a d’abord cru à des dérapages, puis à l’incompétence du ministre, puis à des provocations. En réalité, quand il a dit successivement que les Français parfois « ne se sentent plus chez eux », que Sarkozy a pris « la tête de la croisade contre Kadhafi », que le nombre de musulmans « posait problème », qu’il fallait « limiter l’immigration légale », il le faisait exprès, peut-être même sans y croire, uniquement parce que le président lui a demandé de tracer ce sillon. Les réactions outrées de la gauche tendaient à en rajouter sur les déviances de l’UMP, avec le vague espoir d’en faire, dans le subconscient de l’opinion, un parti intolérant, pour ne pas dire fasciste. Mais tout cela ne montre rien, ne dit rien des pensées les plus profondes de M. Sarkozy, sinon qu’il n’aura aucun scrupule pour obtenir un second mandat. Alors qu’il eût été tellement plus simple de rassembler la droite sur un programme modéré.
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