M. SARKOZY a fait un discours de circonstance qui lui a valu, comme on pouvait s’y attendre, de virulentes critiques de la gauche. Le nombre de mots d’un discours ne saurait occulter une vérité simple : c’est par le retour à l’équilibre budgétaire qu’un pays, fût-il associé au reste de l’Europe, mettra un terme à la crise de l’endettement. Et chaque gouvernement est renvoyé par la chancelière à ses propres responsabilités. Le président de la République en a pris acte. Il était inutile de revenir, comme il l’a fait, sur les erreurs passées de la gauche, la retraite à 60 ans et les 35 heures, car la droite a commis les siennes, et, singulièrement M. Sarkozy, qui a engagé une politique fiscale à revers des deux crises : celle de 2008 et celle de cette année, qui ont plombé la croissance française. Il était plus juste de dire que nous ne trouverons notre salut que dans l’effort, c’est-à-dire la réduction de la dépense publique.
Le chef de l’État ne compensera pas son ralliement forcé au point de vue allemand par le décorum du grand rassemblement du Zénith de Toulon ou par la solennité de ses propos. Il n’aura pas impressionné cette forte partie de l’opinion qui continue de lui reprocher ses zigzags fiscaux. S’il a choisi de « dire la vérité » aux Français, c’est parce que, l’Allemagne ayant rejeté définitivement la solution à la fois la plus spectaculaire et la plus facile, il faudra bien que la France et les autres pays membres de la zone euro approfondissent leur politique de rigueur, dans un climat durablement tendu dès lors que la réforme prend du temps. Les marchés, eux, se contenteront-ils d’une promesse à long terme ?
Deux choses à propos de l’Allemagne.
Il y a au moins deux choses à dire au sujet de l’Allemagne. La première concerne son « autoritarisme ». La résistance de Mme Merkel aux appels de M. Sarkozy a été interprétée en France de façon très négative. On a vu dans le comportement allemand une forme de domination et, dans le recul de M. Sarkozy, un échec du président français. Arnaud Montebourg, avec une irresponsabilité qui donne froid dans le dos (il était candidat à la présidence), a évoqué le Kaiser et le casque à pointe. C’est absurde : l’Allemagne ne veut pas imposer à l’UE un programme politique que ses partenaires rejetteraient. Elle refuse seulement de faire des sacrifices et de prendre des risques alors qu’elle a mis sa maison en ordre depuis dix ans, ce qui fait que la classe moyenne allemande, aujourd’hui, vit moins bien que la classe moyenne française. On ne voit pas comment le refus germanique du laxisme monétaire pourrait être considéré comme une attitude hégémonique. Non seulement il est impossible d’exiger d’un État qu’il paie sans limites pour les autres, mais il est vain de croire que François Hollande, qui se rend cette semaine en Allemagne, dispose de la force de persuasion suffisante pour que Mme Merkel change d’idée. Or la gauche, de Hollande à Jean-Luc Mélenchon, non sans le soutien de nombre d’experts, continue à dire que la mutualisation des dettes souveraines représente la solution unique et définitive, alors que cette solution n’existe plus.
La seconde chose, c’est que Mme Merkel n’a pas forcément tort. Certes, elle traite durement ses partenaires, au risque de provoquer un effondrement de leurs économies qui ne manquerait pas de l’appauvrir elle-même. Mais d’une part, personne ne peut nous assurer que la mutualisation des dettes souveraines donnerait un coup de massue aux marchés agités. Parce qu’on ne peut jamais dire à l’avance ce qui rassure ou ne rassure pas les marchés. D’autre part, il est évident que la solution qui empêcherait la répétition des crises de la dette réside, à long terme, dans une refonte des traités européens. Mme Merkel souligne qu’on ne peut pas changer la vocation de la Banque centrale européenne si on ne lui donne pas le droit statutaire d’imprimer de la monnaie ; qu’on ne peut voler au secours d’un État en faillite tant que les traités ne le prévoient pas ; que, oui, la monnaie unique aurait dû être soutenue par une convergence des économies et des politiques fiscales, et qu’il faut s’atteler à cette tâche.
Sauf à croire que les socialistes peuvent s’abstraire des réformes, de la rigueur et de la renégociation des traités, bref, qu’ils sont en mesure de nous donner le beurre et l’argent du beurre, il vaut mieux que l’opposition actuelle prépare un programme à long terme pour résoudre la crise de la dette française plutôt que de s’engager dans des escarmouches politiciennes avec M. Sarkozy ou de lancer des insultes à Mme Merkel. Nous serons plus fort diplomatiquement si nous donnons l’exemple. La dérive antigermanique, l’appel élégiaque à la planche à billets, la fabrication des espoirs illusoires ne forment pas une politique.
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