Cette année, cette dérive si traditionnelle et si ancrée dans les mœurs est exploitée avec une constance et une ardeur exceptionnelles. Nous rappellerons, pour le principe, le résultat des élections législatives en Russie où, malgré la récession, la popularité de Vladimir Poutine atteint plus de 85 %, ce qui lui a permis d'augmenter encore sa majorité absolue à la Douma. Or M. Poutine a été pris plusieurs fois en flagrant délit de mensonge, quand il a, par exemple, affirmé qu'il n'y avait aucun soldat russe en Ukraine, alors que ses forces occupent le Donbass et qu'il a annexé la Crimée sans coup férir, mais par l'invasion.
Nous sommes largement habitués à ces tours de passe-passe dans des pays qui n'ont, avec la vérité et la légalité, qu'un rapport élastique. Hélas, nous ne sommes pas immunisés contre ce comportement. Il gagne des contrées considérées comme démocratiques mais qui résistent mal au discours dit populiste. Le meilleur exemple en est les Etats-Unis où l'irruption de Donald Trump dans la campagne électorale a imposé aux républicains une vision de l'Amérique et de ses rapports avec le monde qui n'a rien à voir avec la réalité.
Mais il n'est pas le seul. Avant lui, David Cameron a fait de l'euro-scepticisme un problème si aigu qu'il a consulté ses concitoyens par référendum. Ils ont voté le Brexit et M. Cameron a quitté la politique, avouant de la sorte qu'il s'était livré à une opération absurde. Nigel Farage, chef de l'UKIP, parti populiste et anti-européen, s'est hâté de démissionner après avoir reconnu que sa promesse de récupérer dans le budget européen assez d'argent pour financer le système de santé britannique était vaine. Theresa May, nouvelle Première ministre, décidée à donner satisfaction à la majorité qui a exigé le scission avec l'Europe, n'a pas commencé, trois mois après le référendum, à entamer la procédure. Pour une bonne raison : elle ne sait pas comment s'y prendre et ses meilleurs experts ne le savent pas non plus.
La France contaminée
De telles pannes dans le déroulement du processus démocratique devraient en faire réfléchir plus d'un. Mais non : l'extrême fragilité du pouvoir en France, l'appétit qu'elle a soulevé à droite et à gauche, la certitude d'un changement profond en 2017 ont déclenché une vive agitation dans tous les partis et déjà amené un certain nombre de candidats à prononcer des propos excessifs, éloignés de la vérité ou carrément trompeurs. L'immigration est devenue l'obsession nationale alors que nous sommes le pays d'Europe qui reçoit le moins de réfugiés ou de migrants. Le terrorisme, contre lequel nous devons nous unir, commence déjà à devenir une pomme de discorde entre Français, ce qui constitue une victoire que, par notre incontrôlable nervosité, nous accordons à nos ennemis. M. Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, souhaite-t-il fermer la jungle de Calais et répartir ses habitants sur le territoire qu'il est aussitôt vivement critiqué par Nicolas Sarkozy, lequel réclame une renégociation de l'accord franco-britannique en vertu duquel la frontière du Royaume-Uni commence en France ; en omettant de rappeler que celui qui a signé cet accord, c'est lui.
La crise migratoire en France n'est pas comparable à celle de l'Allemagne et de l'Italie. Le terrorisme, en revanche, nous touche plus douloureusement et c'est pourquoi nous devrions éviter d'en faire un thème de campagne électorale. Quant aux électeurs, ils devraient n'accorder leur attention qu'aux candidats qui disent la vérité.
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