SAMEDI dernier, les 198 coureurs du Tour de France cycliste se sont élancés pour trois semaines de course durant lesquelles ces champions de la petite reine parcourront quelque 3 500 kilomètres. Un exploit sportif qui, malheureusement, a souvent eu des relents de tricherie ces dernières années. Ce sport, l’un des plus populaires au monde, est gangrené par un mal contre lequel il est difficile de lutter, le dopage. Mais, c’est loin d’être le seul, même si les affaires les plus retentissantes ont touché de célèbres champions cyclistes. Pis, le recours à des substances illicites en vue d’améliorer ses performances n’est pas l’apanage des sportifs professionnels. En effet, plusieurs études ont révélé que les amateurs, les seniors comme les enfants, peuvent être touchés par le dopage, comme l’a récemment rapporté l’Académie de médecine à l’occasion d’une conférence consacrée à ce thème.
Le phénomène est inquiétant, car la consommation de produits dopants peut commencer très jeune, entre 9 et 13 ans. On estime ainsi que 4 % des sportifs en milieu scolaire auraient goûté au dopage, les fournisseurs potentiels pouvant être les parents eux-mêmes, mais aussi les médecins ou les entraîneurs. Dans cette tranche d’âge, les conséquences de ces déviances médicamenteuses sont d’autant plus à craindre que ces sportifs sont en pleine croissance.
L’impact du dopage chez les amateurs adultes est tout aussi difficile à apprécier. Sa prévalence serait tout de même comprise entre 5 et 15 %, le pic se situant chez les jeunes hommes (20-25 ans) pratiquant la compétition. La raison de cette délicate évaluation est simple : la surveillance se focalise avant tout sur les sportifs de haut niveau, qu’ils soient professionnels ou non. C’est d’ailleurs à eux que s’adressent prioritairement les recommandations du Code mondial antidopage.
« Dépolluer » le paysage sportif.
Quoi qu’il en soit, ce code ne règle pas tout et les obstacles rencontrés dans la lutte contre le dopage sont nombreux. Globalement, ils sont de trois ordres : scientifiques, économico-politiques et réglementaires. Ainsi, certaines règles du Code mondial antidopage constituent, elles-mêmes, des freins. Par exemple, la liste des interdictions distingue les substances proscrites en permanence et celles interdites uniquement pendant les compétitions. Du coup, certains produits restent largement utilisés pendant l’entraînement.
De même, le Code mondial donne aux fédérations internationales un rôle prédominant. Ce sont elles qui exercent une totale autorité sur les modalités de la lutte contre le dopage (mise en place de contrôles, choix des laboratoires pratiquant les analyses), dès lors que les compétitions sont placées sous leur égide. Ainsi, des manifestations sportives, pourtant nationales, tels le tournoi de tennis de Roland Garros, ou le tour de France, peuvent échapper totalement à la compétence de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et aux règles antidopage du Code français du sport. Le contexte socio-économique pousse également au sport spectacle, encourageant lui aussi le recours aux substances illicites. Les compétiteurs doivent toujours être au top. Surtout si l’épreuve est retransmise dans le monde entier. Sans parler des sponsors et des clubs qui assoient leur réputation (donc le nombre de leurs adhérents) sur celle de leurs champions.
Une politique volontariste de prévention.
Toutes ces dérives ont fait réagir l’Académie de médecine. « On comprend les hésitations des politiques et de certains acteurs de la vie économique et sociale de notre société à participer activement à une lutte contre le dopage qui pourrait leur porter préjudice, mais toute la lumière doit être faite sur ce fléau afin que soit restaurée l’image du sport aujourd’hui bien dégradée », insistent les académiciens. Il ne s’agit plus de lutter seulement contre les tricheurs mais d’avoir une politique de santé publique qui est la compétence des États. « L’État, via les ministères des Sports, de la Santé et de l’Éducation nationale, doit reprendre la main et développer une politique volontariste de prévention, indépendamment de toutes pressions économiques, sportives ou politiques, déclarent avec vigueur les rapporteurs. L’indépendance des médecins vis-à-vis des fédérations sportives et des ligues doit être garantie statutairement. »
Plus concrètement, le premier élément de la prévention doit être fondé sur une recherche scientifique au niveau épidémiologique afin d’établir une cartographie qualitative et quantitative du dopage. Celle-ci doit être axée sur les nouvelles techniques d’analyses, les nouveaux produits dopants et les nouvelles conduites antidopage. Le développement des méthodes de profilage biologique et clinique individualisé permettra d’effectuer des contrôles décisifs apportant la preuve de la tricherie. « Nous voulons aussi mieux encadrer la vente des produits dopants sur Internet en collaboration avec les fournisseurs d’accès, les services des douanes et de la poste. » Par ailleurs, des modifications doivent être introduites dans le Code mondial antidopage pour alléger le calendrier sportif ou établir une limite individuelle au nombre de participations aux compétitions. L’Académie préconise également de limiter la compétence des fédérations internationales aux seules manifestations de renom effectivement international. Enfin, elle plaide en faveur d’une formation approfondie de tous les éducateurs et professionnels de santé, vecteurs essentiels des messages de prévention et du bon usage du médicament. Les officinaux doivent bien évidemment y prendre leur part.
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