DAVID CAMERON n’a pas pris note publiquement du récent virage économique du président français. C’était pourtant l’occasion de prononcer des paroles plus amènes sur notre pays. Le chef du gouvernement britannique pœut certes exciper d’un retour progressif de son pays à la croissance et d’une baisse du chômage ; on comprend mal, pourtant, qu’il s’acharne contre le modèle français, sinon parce qu’il en fait un argument de politique intérieure. Son message aux Britanniques est le suivant : « Si vous votez travailliste, vous devrez affronter la pénurie et le chômage ». Tout cela est un peu déplaisant, mais il vaut mieux en sourire parce que les querelles franco-britanniques ne sont pas nouvelles et n’ont pas diminué depuis l’entente cordiale. Aujourd’hui, les Anglais continuent à nous reprocher de manger des grenouilles, mais, ce qui est plus objectif, ils constatent un afflux de citoyens français dans leur pays, preuve irréfutable qu’il vaut mieux aller vivre outre-Manche.
Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait vrai, car le Royaume-Uni a sa part de faiblesses, avec un système bancaire qui n’a pas terminé sa restructuration, un endettement public et privé très élevé, une épargne insuffisante et un problème de désindustrialisation. Ce qui attire beaucoup de Français, c’est la City. Les Britanniques disposent d’une place financière géante qui joue un rôle substantiel dans le produit intérieur brut. La discorde est plus embarrassante quand elle se nourrit d’une vive hostilité idéologique : l’obsession des conservateurs anglais, c’est la persistance du socialisme en France. Incarné par la politique des 20 premiers mois du mandat de M. Hollande, il vient d’essuyer un échec majeur qui a contraint le président de la République, même s’il s’en défend, à adopter une politique de type libéral fondée sur le désendettement et la stabilisation des prélèvements obligatoires.
Des trajectoires différentes.
Le problème qui se pose maintenant, c’est le retard pris par la France. La croissance est de retour aux États-Unis et dans une partie de l’Europe ; certains pays qui se battent le dos au mur et ont des problèmes financiers plus lourds que ceux de la France, par exemple l’Espagne et l’Italie, commencent à regagner des parts de marché. Ils ne sont pas en bon état, mais ils peuvent nourrir un espoir raisonnable, ce qui n’est pas encore le cas pour nous. Pendant que nous débattions de la meilleure approche idéologique de la crise, socialisme, social-démocratie, libéralisme, d’autres pays, loin de se complaire dans d’interminables conversations philosophiques, tentaient d’avancer, parfois avec succès. Aujourd’hui, la France, deuxième économie d’Europe, risque de devenir un boulet pour la zone euro. Et si les regards sont tournés vers elle, c’est justement parce qu’elle compte davantage que d’autres États membres de la zone.
La chancelière Angela Merkel et ses principaux ministres ont eu le bon goût de saluer le tournant économique et social du gouvernement français. Cet encouragement est plus utile que les sacrcasmes britanniques, ne serait-ce que parce qu’il renforce l’engagement pris par M. Hollande. Mais, après l’effet d’annonce, la réalité est apparue dans tout ce qu’elle a d’inquiétant : il faudra beaucoup de temps pour que la croissance revienne et que le pays crée des emplois. À une crise qui ravageait toute l’Europe, succède une situation où les trajectoires nationales sont différentes. La France, dans le tableau comparatif, est plutôt mal placée.
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