ADOLESCERE, en latin cela veut dire grandir, rappelle d’abord le Dr Geneviève Lafaye (Service d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse - Paris). Et parce que l’adolescence est cet état en devenir, où le jeune n’est déjà plus un enfant mais pas encore un adulte, elle est la période de tous les changements. « Et les bouleversements sont nombreux, précise la psychiatre. Physiologiques, bien sûr, mais aussi cognitifs et psychosociaux. » C’est à l’adolescence que les jeunes gens commencent à rejeter les imagos parentaux et tendent à se réfugier dans le cocon de « la bande ». De même, c’est durant cette période que la quête d’autonomie et d’individualité vient buter sur la dépendance encore forte au cadre familial. « Le paradoxe se retrouve aussi dans l’expression contradictoire de deux besoins : celui de sécurité et la tentation d’explorer son environnement », souligne Geneviève Lafaye. C’est dans ce contexte-là que naissent les conduites à risques telles l’expérience des drogues.
La recherche de conduites à risques.
De fait, la recherche du risque chez l’adolescent est une constante. Que ce soit au volant d’une voiture, dans ses pratiques sexuelles ou dans une prise de risque financière, le jeune cherche, dans chacune de ses situations, à repousser le champ des possibles jusqu’à la rupture. Mais quand il s’agit de produits toxiques, les comportements adolescents conduisent parfois à l’addiction.
Avant de parler d’addiction, il faut cependant savoir que les adolescents n’ont pas les mêmes conduites à l’égard de toutes les drogues. « Si le tabagisme régulier des adolescents est en recul depuis 10 ans, l’âge moyen d’expérimentation du cannabis est de plus en plus bas », observe ainsi la psychiatre. À 18 ans, un jeune sur deux a déjà consommé une fois du cannabis, et 22 % d’entre eux fument au moins une fois par mois. Sans dramatiser à outrance le propos, l’addictologue veut également rappeler que 10 % seulement des « fumeurs de joints » sont sous l’emprise d’une véritable dépendance. Mais aussi, qu’une consommation excessive peut, dans certaines circonstances, révéler certaines schizophrénies.
Repérer les facteurs de risques.
Qu’il s’agisse de la consommation d’alcool, où les abus ont le plus souvent cours en bande et dans des contextes festifs, ou de psychotropes, c’est bien la précocité des consommations qui constitue le principal facteur de risque. « Plus le sujet est jeune, plus son système neurobiologique est fragile, et le risque de dépendance ultérieure important », insiste la spécialiste. D’où l’importance d’un dépistage précoce.
Mais il faut aussi compter avec un autre facteur de risque important, le cumul des produits. La consommation régulière de plusieurs toxiques concernerait 27 % des 15 - 18 ans. Le tabac, l’alcool et le cannabis constituent à cet égard un trop classique cocktail. Pour autant, plus que le cumul de drogues, la prévention doit avant tout se concentrer sur la chronicisation des consommations, précise la psychiatre.
Une intervention à contretemps.
Comment repérer un ado qui se drogue ? Il y a des signes qui ne trompent pas, dit en substance Geneviève Lafaye. Même s’ils ne sont pas spécifiques, l’expression nouvelle d’une violence, la baisse des résultats scolaires ou des troubles de la mémoire doivent alerter les parents… et le pharmacien. « L’intervention des soignants doit bien souvent se faire à contretemps, avant que l’addiction ne s’installe vraiment. » « Malheureusement, souligne Geneviève Lafaye, nous souffrons dans cette tache d’une absence d’instruments de repérage validés, mais aussi d’un défaut de perception des risques par les ados eux-mêmes. »
Quoi qu’il en soit, le repérage précoce d’une addiction devrait se faire en trois temps, conseille-t-elle. Il s’agit avant tout de caractériser la consommation selon qu’elle se traduit par un usage nocif ou par la dépendance au produit, mais aussi qu’elle a lieu dans un but festif, auto thérapeutique ou toxicomaniaque. Il convient ensuite de rechercher les facteurs de gravité lés au produit, à l’individu et à son environnement. Puis, l’identification des signes cliniques et des éventuelles complications complètent la démarche. Enfin, et pourvu que le sujet soit volontaire, l’auto-évaluation par le biais de questionnaires (voir encadré) peut contribuer efficacement au repérage de certaines addictions.
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