Après plusieurs années d’excédents

L’Allemagne renoue avec les déficits sociaux

Publié le 23/01/2014

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Après plusieurs années d’excédents spectaculaires, toutes les branches de la Sécurité sociale allemande replongent actuellement dans le rouge, selon les chiffres provisoires publiés le 17 janvier. Les pharmaciens craignent d’être prochainement remis à contribution pour combler ce nouveau trou, dont ils ne sont pourtant nullement responsables.

L’Assurance-maladie obligatoire allemande accusait, au 1er octobre dernier, un déficit avoisinant un milliard d’euros, contre six milliards d’excédents au printemps 2013. Courant 2012, l’excédent avait atteint des records pour s’établir autour de 20 milliards. Officiels mais provisoires, les derniers chiffres ne portent que sur les neuf premiers mois de 2013, mais le quatrième trimestre, donc les chiffres définitifs seront connus en mars, ne devrait pas sensiblement bouleverser la tendance.

Les quatre branches de la Sécurité sociale (maladie, retraites, dépendance et chômage) accusent un déficit cumulé de 4 milliards, lié à une progression des dépenses plus forte qu’escomptée, combinée avec un ralentissement des recettes. En outre, plusieurs mesures politiques, dont la suppression du forfait trimestriel de 10 euros sur les consultations médicales, une baisse de certaines cotisations et une rallonge budgétaire pour les hôpitaux, ont aggravé la tendance.

Les pharmaciens inquiets.

Si les pharmaciens ont pu obtenir, en 2013, une revalorisation de leurs honoraires de garde, ils redoutent, comme lors des épisodes de déficit précédents, d’être les premiers désignés pour les résorber. Le nouveau ministre de la Santé, Hermann Gröhe, par ailleurs jusque là totalement inconnu dans le monde de la santé, a annoncé que le moratoire sur les prix des médicaments, qui devait expirer fin décembre 201 serait prolongé de plusieurs mois… le temps pour le gouvernement de préparer une nouvelle loi pour en allonger encore plus la durée. De plus, le « rabais » que doit consentir l’industrie pharmaceutique aux caisses de maladie sur les médicaments remboursés passera de 6 à 7 % du prix hors taxe.

Les officinaux, qui estiment que 2013 a été une année de consolidation après plusieurs années très difficiles, ont donc du souci à se faire pour les mois à venir, alors même que les chiffres économiques du pays sont eux aussi nettement moins bons que prévu. L’Allemagne, qui a mis des années pour restaurer les finances de sa Sécurité sociale, n’entend pas laisser à nouveau filer ses déficits, et devrait donc proposer rapidement de nouvelles mesures pour les combler.

DENIS DURAND DE BOUSINGEN