PIERRE a le goût et le sens des affaires. Il fait fructifier son officine, les yeux rivés sur la courbe de profit, mais sans se préoccuper ni de la déontologie, ni de la morale. Jusqu’au jour où il se rend compte qu’il fait des dégâts autour de lui. En récupérant le marché d’une maison de retraite, il fait perdre à un pharmacien de village son principal revenu. Celui-ci ne s’en remet pas et décède peu de temps après. Pierre, alors touché par le remords, largue les amarres, sa femme et son officine, et retourne à ses sources, en Corrèze, où il rachète la vieille maison familiale, retrouve un amour d’enfance, et entame ce qu’il pense être le chemin de sa rédemption dans un coin perdu du causse, raconte l’auteur des « Enfants pâles », Laurent Delmont, corrézien d’origine et pharmacien installé à Agen depuis 2003. « C’est de la fiction, précise-t-il, mais mon expérience me montre qu’il y a plusieurs manières d’exercer cette profession, plusieurs perceptions du métier, plus ou moins affairistes ou plus ou moins proche des gens. Dans les villages, il y a des pharmaciens en difficulté, des collègues qui n’espèrent plus grand-chose de leur outil de travail. Sur la zone d’Agen six officines ont fermé ou déposé le bilan depuis 2003 Certaines pharmacies font du discount, du démarchage auprès des collectivités. C’est une réalité objective qu’il faut assimiler, même si parfois la déontologie n’y trouve pas son compte. L’essentiel doit être la notion de proximité et de service. »
Pierre, le personnage du roman, parti à la rencontre des terres de son enfance fait d’ailleurs quelques remplacements en campagne et découvre que le métier n’est pas le même dans une officine parisienne et dans un village de Corrèze. « J’ai fait des remplacements dans des zones de déserts médicaux. Je sais ce que c’est », souligne Laurent Delmont.
Du comptoir au bureau d’écrivain.
Certes, en passant de son comptoir à son bureau d’écrivain, il n’avait nullement l’intention de brosser une analyse sociologique de la profession, ni de rédiger un ouvrage sur les déserts médicaux. Son personnage est un homme à la dérive, « qui aurait pu être avocat ou boulanger, mais il est vrai que je connais mieux cet environnement. Je nourris toujours mes histoires d’expériences, de faits auxquels j’ai été confronté, mais il n’y a rien d’autobiographique », souligne-t-il. L’histoire de Pierre est celle d’une prise de conscience, d’un parcours expiatoire, un peu nostalgique : « j’aime brasser le passé. Mes personnages ont toujours une propension à regarder dans le rétroviseur, à regretter d’être peut-être passé à côté de quelque chose d’important », avance Laurent Delmont, qui ne pourra certes pas regretter d’être passé à côté d’une expérience littéraire, d’une vie parallèle de romancier.
Depuis les « Enfants pâles », ce pharmacien de quarante-cinq ans a publié un recueil de nouvelles drôles, poétiques et absurdes et son septième roman attend le verdict d’un éditeur. Du thriller au recueil de nouvelles en passant par un roman d’aventures ésotériques en pays cathare, ils sont tous différents. Laurent Delmont à l’imagination fertile et l’écriture facile. « Le petit dernier est un roman un peu à l’image des films de Claude Sautet. Le titre sera "Les nappes à carreaux" », révèle-t-il. Quand il commence, il écrit tous les jours, les soirs après la fermeture et les week-ends. « Je n’écris pas sur commande mais par plaisir. J’écris des romans plutôt courts, mais je vais jusqu’au bout et très vite. Entre les premières lignes et le dernier mot, il ne se passe guère plus de deux mois », explique-t-il. « Mais cela reste un passe-temps. Ce n’est pas ce qui fait bouillir la marmite », ajoute ce romancier, publié dans des maisons d’édition locales, ce qui lui plaît. Laurent Delmont a découvert l’écriture alors qu’il était encore à la faculté de pharmacie de Limoges. Son mentor, du moins celui dont il apprécie beaucoup les œuvres et le style, même s’il ne l’a rencontré que de rares fois, est un autre romancier, corrézien également, Denis Tillinac. Ses premiers lecteurs sont ses clients et ses livres font désormais bon ménage dans la vitrine avec les boîtes de médicaments et la parapharmacie. Il vend parfois l’aspirine et le livre ensemble, mais le second achat n’est pas remboursé !
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