SELON UN SONDAGE CSA, une majorité de Français seraient favorables entre personnes du même sexe (29 % plutôt pour et 25 % tout à fait pour), avec des opinions plus positives à gauche qu’à droite et chez les agnostiques ou athées que chez les croyants. Le contexte sociologique n’est donc pas miné, sinon par la détermination des croyants et des milieux religieux à s’opposer par tous les moyens à l’adoption de la loi. Le gouvernement aurait pu la faire passer sans difficulté s’il n’avait choisi de donner aux homosexuels la totalité des droits dont bénéficient les hétérosexuels. En ce qui concerne l’état-civil, les élus devront clarifier l’obscure disposition qui supprimerait la qualification de « père » et « mère » au profit de « parent A » et « parent B », ce qui revient à soumettre, au nom d’une absolue égalité, le statut de la majorité (on estime à 90 % environ la population hétéro) à celui de la minorité.
Là-dessus, le président ajoute son grain de sel en refusant de prendre position personnellement. Il n’y a pas de précédent historique à cette attitude ponce-pilatienne, sinon le projet de Communauté européenne de défense (CED) que Pierre Mendès-France, Premier ministre en 1954, a soumis au Parlement, tout en refusant de dire s’il était lui-même pour ou contre.
Comme pour le droit de vote des étrangers non-européens, relancé par le PS alors que le gouvernement a indiqué qu’il souhaitait en différer le débat, la gauche s’engage donc avec vigueur dans un réformisme « sociétal » dont on peut se demander s’il ne sert pas à cacher l’immense difficulté que rencontre le gouvernement de Jean-Marc Ayrault à tenir les promesses économiques et sociales du candidat Hollande. On ne minimisera l’importance d’aucun des deux dossiers. La loi sur le mariage gay mérite peut-être quelques amendements souhaitables, notamment sur le statut de père et de mère, elle n’en constituera pas moins un progrès des libertés dans la mesure où elle tend à accorder les mêmes droits pour tous, ce qui est le signe d’une démocratie. Le droit de vote des étrangers, surtout ceux qui travaillent et paient leurs impôts comme les autres citoyens, n’est scandaleux que s’il est accordé à des personnes hostiles à la nation par leur comportement, leurs propos pour leurs écrits. Encore que beaucoup d’individus devenus français par la grâce du jus soli (nés en France, ils sont automatiquement français) n’hésitent pas à affirmer leur hostilité à une société où ils ne se sentent pas intégrés.
Question de priorité.
La question porte donc sur les priorités de la réforme. On dénombre plus de 3 millions de chômeurs en France et l’urgence exige que nous nous préoccupions d’abord de leur sort. Par ses tergiversations, le gouvernement a montré qu’il n’est pas sûr de la démarche à suivre, entre social-démocratie et social-libéralisme, que les progrès seront très longs, qu’ils ne se produiront pas avant 2014 (si tout va bien) et que l’énergie nécessaire à la résolution des problèmes économiques, financiers, monétaires et sociaux consumera les meilleures volontés. François Hollande estime que la gravité de la crise sociale n’empêche pas le gouvernement de s’engager dans des réformes de société, par exemple l’éducation, moteur de la croissance ou dans des changements de mœurs. Idéalement, il a raison, même si, sur le chemin moral il heurte de front les convictions d’une forte fraction de la population. Mais, dans la pratique, il risque d’empiler les obstacles. La France n’ira pas mieux, si ayant accordé le mariage, l’adoption et la PMA aux homosexuels, elle n’aura pas entamé le chômage structurel qui est en train de détruire le tissu social.
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