Ce serait se voiler la face, se faire des illusions, s'abriter dans le déni que de croire que les Français seront, en quelques semaines, débarrassés d'une catastrophe sanitaire dont ils n'ont pas perçu l'ampleur et la nocivité dès son début. Il faudra du temps, de la patience et se serrer sans doute la ceinture pour venir à bout de l'épidémie et reprendre son activité habituelle. L'idée même que le confinement peut durer encore des semaines nous paralyse. Ce que l'on raconte sur le retour au foyer, sur l'amour des siens et l'avantage de l'oisiveté n'a aucun sens. Travailler et produire ne nous a jamais empêchés d'agir, de vaincre les difficultés, de résoudre les problèmes : le triomphe sur l'adversité explique la fierté d'être un homme ou une femme.
L'immense effort lancé par les pouvoirs publics contre la maladie consiste à réduire la mortalité : deuil et chagrin scient les jambes des survivants. Il consiste aussi, et en dépit des obstacles à leur dynamisme, à poser les premières pierres de l'avenir. Par exemple, si on accorde aux chômeurs techniques un salaire d'État en compensation partielle de leurs revenus, c'est pour que les entreprises soient prêtes à repartir en force le moment venu. En 2008, la crise des subprimes nous avait laissés exsangues, immobilisés, sidérés, car nombre de nos firmes avaient perdu leur savoir-faire et avaient besoin de temps pour le reconstituer. Cette fois, et pas plus tard qu'à la fin de l'année, la force productive française commencera à ronronner au premier claquement de doigts.
Nous avons tous assisté, bien malgré nous, aux ravages que la gestion de l'épidémie a causés dans la classe politique. Elle a fait sa crise nerfs pour, en définitive, admettre que l'heure était non pas aux querelles partisanes mais à la guerre contre le fléau qui, lui, ne fait aucune distinction entre droite et gauche, riches et pauvres, bons et mauvais citoyens. Merci, les élus. Il s'en est fallu de peu et dans la hiérachie des héros, vous nous permettrez de mettre à la première place les soignants, médecins, infirmiers, aides-soignants, hommes et femmes entièrement dévoués à la protection des malades et qui ne se sont plaints de rien, malgré les risques, leur épuisement, leur désespoir quand ils manquent de moyens pour sauver les patients.
Il y a une fin à toutes les épidémies
Remettons à plus tard les règlements de comptes, ont déclaré les oppositions, après avoir concouru par leurs déclarations et par le vote de leurs élus, au consensus sur la totalité des dispositions présentées par le gouvernement. À plus tard ? Quand l'épidémie sera vaincue ? Mais, si elle est vaincue, le peuple en accordera le mérite au pouvoir et non à ceux qui, peu ou prou, l'ont laissé faire et qui, en tout cas, lui ont mis assez de bâtons dans les roues pour qu'ils ne puissent pas revendiquer la moindre responsabilité dans l'inévitable guérison du pays.
De sorte que, si cette épidémie épouvantable est sans précédent, si la douleur qu'elle nous inflige est insupportable, il y aura bien un moment où elle s'arrêtera : c'est, souvenons-nous en, le sort de toutes les épidémies, y compris les pires. Qu'en pensera le peuple ? Qu'après tout, il n'est pas si mal gouverné. Il sera content d'avoir échappé au virus. Il sera heureux de reprendre ses activités habituelles. Mais il n'est pas bête au point de croire que les critiques venimeuses de Marine Le Pen auront contribué au sauvetage national. Il n'y aura guère que les ronchons et les hargneux pour considérer que, si Macron avait été efficace, aucun de ses concitoyens n'aurait dû avoir de la fièvre. Les autres, sauf s'ils ont perdu un des leurs, seront tout heureux d'avoir survécu. C'est entendu, la République en marche a déjà perdu les municipales. Mais qui peut dire que, sans épidémie, la perspective des élections générales de 2022 aurait été la même ?
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