LES BRITANNIQUES n’ont jamais été des Européens enthousiastes depuis qu’ils ont rejoint la CEE en 1973. Cela fait donc 40 ans qu’ils critiquent les faiblesses de la construction européenne, finalement démontrées par la crise de l’euro. Quarante ans qu’ils maintiennent un statut à part de leur pays au sein de l’Union. Quarante ans qu’ils semblent infiniment plus intéresés par une zone de libre-échange que par une union politique. La plupart de leurs critiques sont fondées, notamment en ce qui concerne la bureaucratie tatillone et l’ingérence de l’UE dans des affaires, comme la façon de faire le fromage, qui ne devraient pas relever de sa compétence. Leurs partenaires ont été agacés jusqu’à l’exaspération. Mais ils ont préféré laisser le Royaume-Uni pendre le large peu à peu au lieu de faire des réformes pourtant indispensables.
Une méthode embarrassante.
Ce qui est gênant chez M. Cameron, qui, paradoxalement, s’est déclaré pro-européen à l’occasion de ce discours, c’est la méthode, qui ressemble fort à un chantage diplomatique. C’est la menace d’un référendum dans un pays où l’euroscepticisme est largement partagé. C’est l’arrogance du Premier ministre britannique qui, pour obtenir par la négociation de changements profonds dans le fonctionnement de l’Union, menace de la quitter. De ce point de vue, François Hollande, dans un jugement à la fois bref et sévère, n’a pas manqué de dénoncer le comportement de M. Cameron. En revanche, rencontrant le Premier ministre britannique à Davos, où se tient l’annuel Forum économique mondial, Angela Merkel n’a pas semblé choquée par les propositions de son interlocuteur.
On sait bien pourquoi : elle aussi souhaite que l’Union soit plus libérale, contrairement au gouvernement français. Elle a feint de ne pas se formaliser contre la désinvolture de M. Cameron pour mieux enfoncer le clou du développement de la production et des échanges dans l’Union européenne.
Quelques jours après une chaleureuse journée de célébration de la réconciliation franco-allemande, il ne faut pas conclure à un renversement des alliances eu Europe. L’Allemagne est dans la zone euro, pas le Royaume-Uni ; la Grande-Bretagne ne fait pas davantage partie de l’espace de Schengen et a parfaitement réussi à échapper au coût fort élevé de la politique agricole commune (PAC). La chancelière est fort capable de désamorcer une crise diplomatique intra-européenne par un discours conciliant, mais elle sait que ce qui rapproche la France et l’Allemagne est infiniment plus important que les affinités idéologiques qu’elle a avec M. Cameron.
Un bombardement avant l’offensive.
Pour que les Anglais quittent l’Union, il faut d’abord que M. Cameron soit réélu en 2015 ; il faut ensuite que les négociations qu’il aura engagées avec ses partenaires européens échouent ; il faut en outre que les Britanniques votent non au référendum (la question sera simple : voulez-vous, ou non, que le Royaume-Uni reste dans l’UE ?). En réalité, le Premier ministre anglais a conçu sa négociation à long terme avec l’UE comme une offensive terrestre précédée par un bombardement, c’est-à-dire un discours provocant mais susceptible de faire réfléchir ceux qui animent les institutions européennes et qui savent que l’Union doit être réformée en profondeur de toute façon, sinon dans la direction préconisée par M. Cameron. La marge de manœuvre est large dans les deux camps : si M. Cameron obtient satisfaction dans les domaines qu’il juge essentiels, comme le marché unique, pourquoi, de son côté, n’envisagerait-il pas un renoncement à la livre sterling et l’adoption de l’euro ? Une négociation peut aussi remettre en cause le vieux fond de nationalisme qui empêche les Britanniques de consolider leur adhésion à l’UE par le choix de la monnaie unique et de Schengen.
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