SUR LE PLAN économique et social, la formation de droite propose la suppression de l’impôt de solidarité sur le fortune (ISF), l’abolition de la semaine de 35 heures, la baisse des charges sociales, la réduction de 5 % chaque année de la dépense publique. Sur l’immigration, elle veut, selon Jean-François Copé, président du parti, « réécrire complètement notre politique migratoire ». Elle souhaite réduire le regroupement familial, supprimer l’AME (aide médicale d’État) et envisage un objectif de « zéro régulation » des sans-papiers. De son côté, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a entre les mains un rapport qui propose l’autorisation du voile à l’école, la création d’un délit de harcèlement racial, une « Cour des comptes de l’égalité », la révision des programmes d’histoire, l’interdiction aux médias de toute mention de l’appartenance ethnique ou de la nationalité.
On verra bien ce qui restera, à l’usage, de ces propositions qui accentuent sévèrement, à droite et à gauche, les lignes idéologiques respectives. Il ne s’agit, en l’occurrence, que de propositions faites par des experts (ou des idéologues) dont la tâche ne consiste pas à confronter leurs suggestions au test des réactions populaires. Si la France doit être gouvernée au centre, il est fort peu probable que ces documents, celui de l’UMP et celui du PS, arrivent intacts dans des programmes de gouvernement qui seront précisés ultérieurement. La « droitisation » de l’UMP est néanmoins intéressante en ce qu’elle veut établir un pare-feu à la montée du Front national. Depuis Nicolas Sarkozy, la stratégie n’a pas changé : la droite offre aux électeurs du Front une alternative qu’ils pourraient accepter parce qu’elle serait assez proche des thèses de l’extrême droite. Ce dont se défendent, par ailleurs, les leaders de l’UMP, qui comptent déjà plusieurs plusieurs candidats possibles à la présidence de la République : chacun d’eux devra se démarquer des autres et n’y parviendra qu’en proposant autre chose que ce que l’on trouvera in fine dans le programme du parti.
Ces idées seront-elles appliquées ?
À gauche, le tropisme est inverse mais symétrique : le PS essaie de couper l’herbe sous le pied du Front de gauche, en reprenant à son compte des idées généreuses mais susceptibles de porter atteinte à la laïcité. Il souhaite ratisser large du côté de l’extrême gauche, il risque de s’aliéner ses électeurs traditionnels. Il semblerait, quoi qu’il en soit, que l’immigration sera le thème numéro un de toutes les échéances électorales à venir. Je ne crois pas, pour ma part, qu’il y ait de tâche plus urgente que le retour aux équilibres financiers, à la croissance et à l’emploi. Je crains que la préoccupation, pour ne pas dire l’obsession, migratoire, ne rende pas compte de l’état réel du pays. C’est le péché de la démocratie : quand un projet (la croissance) est trop difficile, on parle d’un autre (l’immigration), plus pour répondre aux passions humaines que pour instaurer un ordre juste.
En matière économique, je ne sais pas si la suppression de l’ISF et des 35 heures constituent des moyens puissants de redressement. L’ISF crée une injustice entre foyers aisés et riches, les seconds pouvant investir dans des projets qui les exonèrent, alors que les premiers paient avec leurs revenus le tort de posséder une épargne ou un logement qui a pris beaucoup de valeur en 30 ou 40 ans. Si on le supprime, il faut en tout cas trouver une recette fiscale de remplacement, surtout si l’on se présente en sabreur de la dépense. Contrairement à ce que dit la gauche, la réduction de 5 % par an de la dépense publique n’est pas source de chaos social. Cela représente quelque 17 milliards d’euros d’économie la première année et un peu moins les années suivantes. Or le gouvernement a prévu de diminuer de 15 milliards son budget en 2014.
Les deux documents sont intéressants parce qu’ils placent l’UMP et le PS dans des positions encore plus éloignées, beaucoup moins centristes. La vraie question porte sur l’application politique des idées qu’ils contiennent dans un pays extraordinairement sceptique.
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