En outre, la mèche qui a conduit à l’explosion était allumée depuis longtemps. Les relations affectueuses entre Jean-Marie et Marine ont cédé peu à peu à des divergences idéologiques considérables. Le « menhir », tout en félicitant des succès électoraux du FN, du triomphe de sa fille, puis de sa petite-fille (Marion Maréchal-Le Pen), a rapidement pris ses distances avec les nouveaux lieutenants de la présidente, principalement Florian Philippot, venu du chevènementisme, admirateur de de Gaulle. M. Le Pen a donné plusieurs coups de boutoir à la construction du projet mariniste, jusqu’à l’estocade qu’aura été son entretien avec la revue d’extrême droite, Rivarol, dont la plupart des gens croyaient qu’elle n’existait plus.
En célébrant Pétain, en exprimant son mépris pour M. Philippot, en revendiquant avec une vigueur qui grave son antisémitisme dans le marbre, en vomissant la démocratie et la République, M. Le Pen a décrit à la perfection le FN qu’il a fondé, celui d’il y a 40 ans, celui qui inspire la révulsion. Certes, d’aucuns, notamment au PS, y voient un double jeu : quelle occasion unique pour Marine Le Pen, dès lors qu’elle affirme vouloir baillonner son père une fois pour toutes, pour administrer enfin la preuve que le Front n’est plus rien de tout cela ! Il me semble cependant que, dans cette tragédie racinienne qui se termine par une forme de parricide moral, Mme Le Pen et son père ont exprimé des regrets sincères. Effectivement, ce ne sera pas simple de cohabiter à Montretout après un règlement de comptes auquel la nation tout entière assistera subjuguée. Louis Aliot, le compagnon de Marine, a d’ailleurs insisté sur le fait que le bureau politique ne demanderait pas l’exclusion de Jean-Marie.
Marine majoritaire.
Marine Le Pen a pratiquement toutes les cartes en main et son diable de père est déjà en minorité. Un sondage Harris Interactive pour « 20 minutes » montre que les Français en général jugent Le Pen père trop vieux, qu’il est raciste, qu’il doit prendre sa retraite. Leur évaluation est très négative, alors qu’ils voient en Marine l’incarnation d’un parti appelé à avoir des responsabilités. Mieux : 28 % seulement des militants frontistes pensent que M. Le Pen représente le FN, contre 61 % il y a six mois, soit une chute de 33 points. Ce qui veut dire que, si Marine va au clash, elle ne risque rien. Elle ne sera pas minoritaire au sein de son propre parti. La chute du « menhir » est proche.
Pour autant, il ne faut pas en tirer la conclusion que le FN correspond maintenant à ce qu’il ne cesse d’essayer de nous faire croire. Il reste un mouvement dangereux pour de multiples raisons : il continue d’attirer de nombreux racistes, antisémites, identitaires et la nécessité pour le FN de lancer des milliers de nouveaux candidats dans les batailles électorales ne lui a pas permis de faire le tri entre eux ; les orientations idéologiques assumées par Marine Le Pen, par exemple la haute idée qu’elle se fait de Vladimir Poutine et de la Russie telle qu’il la dirige, son rejet de l’euro et de l’Europe, son anti-américanisme sont autant de voies vers une France isolée, enfermée sur elle-même, appauvrie, intolérante, et surtout, indifférente à la démocratie, hostile à la République, donc susceptible d’instaurer en France un ordre comparable à la semi-dictature poutinienne. Bref, le FN reste très dangereux pour nos libertés. Il le sera encore plus s’il met Jean-Marie Le Pen sur une voie de garage et si sa prétention à construire une majorité lui vaut un surcroît d’électeurs. Heureusement, il sera difficile de faire taire M. Le Pen tant qu’il est vivant.
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