VOILA TROIS ANS que le projet était sur le feu, mené par le Collectif national des groupements des pharmaciens d'officine (CNGPO). Le 29 juin prochain, un nouveau partenariat entre les pharmaciens et l'assureur AGF-Allianz sera né. Il aboutit à l'heure où le chef de l'État, Nicolas Sarkozy, demande une implication plus forte des complémentaires dans le secteur de la santé (voir page 3). Et surtout, le lancement de ce partenariat intervient au moment où le « pharmacien correspondant » est désigné par les sénateurs, dans le cadre des débats sur le projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires (voir « Le Quotidien » du jeudi 4 juin). Une heureuse coïncidence, estime Pascal Louis, président du CNGPO. Car pour lui, cet accord est beaucoup plus qu'un contrat signé entre des officinaux et une société d'assurance. « C'est une nouvelle démarche qui est aujourd'hui proposée au pharmacien, dans le but de valoriser son rôle au sein de notre système de soins », assure Pascal Louis. Concrètement, en effet, l'assuré AGF-Allianz va bénéficier d'une prise en charge toute spécifique. D'abord, il va pouvoir s'adresser à l'officine agrée AGF de son choix pour y solliciter un conseil sur l'une des 43 problématiques les plus courantes au comptoir (migraine, acné, ballonnements, mal de gorge, rhinite allergique, etc.). Ce conseil sera gratuit pour l'assuré, dans la limite de 4 par an et par ayant droit. Quant au pharmacien, il verra son acte de conseil (qui est encadré par un guide méthodologique) rémunéré par l'assureur à hauteur de 5 euros. La prestation se poursuit par la rédaction d'une fiche conseil, où figurent les médicaments proposés, leur posologie et, le cas échéant, quelques observations. C'en serait donc fini des quelques mots griffonnés à la hâte sur l'emballage. Place à ce qui pourrait être considéré comme une véritable « prescription pharmaceutique ».
Respect des prix du marché.
Dans le même temps, une facture va être remise à l'assuré pour le remboursement de ses achats, selon les garanties prévues par son contrat santé. Les produits conseillés doivent figurer sur une liste de plus d'un millier de références, comprenant près de 300 principes actifs. Y sont recensés des médicaments de prescription facultative (remboursables ou non), ainsi que des dispositifs médicaux. Tous sont choisis par un comité d'experts. « Un produit est sélectionné pour sa composition, son efficacité. Très peu pour sa marque ou son prix », indique Raymond Boura, l'ancien président de Giropharm, qui a porté le projet. « Le prix proposé doit respecter le prix du marché », complète Pierre-François Charvillat, à la direction de Forum Santé. L'assureur n'a pas fixé, pour le moment, de plafond au remboursement. Les prix des produits non remboursables sont libres, mais les responsables du CNGPO demandent aux pharmaciens de raison garder. « La régulation des prix se fait par le biais de la concurrence. Le pharmacien fera la promotion de produits achetés dans les meilleures conditions », précise Pascal Louis. Un bilan des prix pratiqués sera effectué deux fois par an, en même temps que la mise à jour des produits inclus dans la liste.
L'adhésion de la profession.
Côté assureur, on se félicite bien sûr du pacte noué avec les officinaux. Christine Nonnenmacher, directrice santé d'AGF-Allianz, évoque un sondage (IPSOS de décembre 2006) montrant que, après le médecin, les mieux placés pour s'occuper de la santé des Français sont le pharmacien (pour 75 % des sondés) et les assurances complémentaires (pour la moitié des répondants). « Ce sont les deux acteurs les plus légitimes pour mener de telles initiatives », conclut-elle. Un million d'assurés d'AGF-Allianz ont une complémentaire santé. Le quart d'entre eux disposent déjà d'une prise en charge sur la médication officinale. Et, selon l'assureur, cet effectif est amené à augmenter très rapidement. Surtout grâce aux messages de relance adressés aux assurés dans les mois à venir. Les pharmaciens tablent aussi sur une large adhésion de leurs troupes. Selon les prévisions, la moitié des adhérents aux groupements du CNGPO, soit plus de 4 000 pharmaciens, devraient entrer dans la danse d'ici à l'automne.
En pratique, chaque officine peut devenir partenaire, à titre individuel, en signant une charte d'engagement. Celle-ci comprend notamment la mise à disposition d'un espace de confidentialité. Ouvert à tous, le contrat aurait reçu un accueil favorable de la part des représentants syndicaux et ordinaux. « Ils apprécient le fond de ce projet », assure Pascal Louis. Il est d'ailleurs prévu que les données intègrent le dossier pharmaceutique du client-patient. « Notre partenariat va ainsi aider au contrôle et à la sécurisation de l'automédication, par une médication officinale appropriée, tout en conservant l'orientation vers la consultation médicale », estime Pascal Louis. La rédaction du conseil devrait en effet informer précisément le médecin sur ce qui a déjà été pris par son patient. Mais cet acte pourrait aussi se substituer complètement à celui du médecin, dans le cas du petit risque. « Un certain nombre de patients consultent dans le but unique de se faire rembourser. Des conseils en médication officinale vont donc remplacer la consultation sur des problématiques qui ne la méritaient pas forcément », affirme Christine Nonnenmacher. C'est le régime obligatoire qui devrait être content.
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