LE DISCOURS que François Hollande a prononcé à la veille de son départ pour le Maroc ne résolvait pas le problème. Le renforcement de l’indépendance de la justice est une réponse juridique à une crise politique sans précédent. Bernés par Jérôme Cahuzac, les médias et la classe politique dans sa totalité réclament maintenant la vérité complète avec tous les détails. La révélation des comptes off shore de Jean-Jacques Augier, ancien directeur de la campagne de M. Hollande, les rapports surprenants que M. Cahuzac entretenait avec un proche du Front national (c’est cet homme qui a ouvert son compte en Suisse), les attaques lancées contre Pierre Moscovici, accusé d’avoir couvert l’ancien ministre du Budget, contre Manuel Valls qui répond que ses fonctions ne lui permettent pas d’intervenir dans la marche de la justice quand on lui demande ce qu’il savait au sujet de M. Cahuzac, les mêmes accusations contre Christiane Taubira, tous ces faits donnent l’impression que la pelote se dévide et que le scandale va faire des petits. Les dénégations du Premier ministre et des membres du gouvernement, dont la défense consiste uniquement à accabler M. Cahuzac, sont pathétiques. Le pire, c’est que l’opinion ne croit plus rien des explications du pouvoir.
Il serait donc souhaitable que le chef de l’État donne un coup d’arrêt au pourrissement rapide du climat général. En annonçant au Maroc qu’il ne procéderait pas à un remaniement gouvernemental, il semblait se refuser à utiliser toutes les mesures contenues dans sa « boîte à outils ». C’est-à-dire qu’il songe encore moins à un référendum ou à une dissolution de l’Assemblée. Chacune de ces solutions présente en effet de sérieux inconvénients : le remaniement est inscrit dans les faits, il aura lieu, sans doute après les municipales ou après les européennes. S’il avait lieu aujourd’hui, il ne resterait plus, l’an prochain, que le référendum (mais avec quelle question, sur quel sujet, et quelle certitude de l’emporter ?) ou la dissolution, une bombe atomique dont les retombées seront plus négatives que positives. Devant de si médiocres alternatives, le président aura tendance, conformément à son caractère, à plier l’échine et laisser s’affaiblir avec le temps le retentissement du peuple.
La droite n’est pas prête.
La droite, la gauche, les Verts, le FN, nombre de socialistes ne le lâcheront pas pour autant. M. Mélenchon exige un coup de balai et lance une manifestation nationale pour le 5 mai, premier anniversaire de l’élection du chef de l’État. Marine Le Pen réclame la démission du gouvernement et des élections anticipées qui, constitutionnellement, ne peuvent avoir lieu qu’en juin. L’UMP, par la voix de Jean-François Copé, veut au moins un remaniement gouvernemental. Mais que feraient-ils tous si M. Hollande cédait à leurs demandes ? François Fillon, dont l’avis est toujours différent de celui de M. Copé, ne semble pas souhaiter que le chaos actuel entraîne un changement de majorité. Comme il a raison ! La droite n’a pas fini de panser ses plaies, n’a pas mis un terme à ses divisions, n’a pas choisi entre les multiples personnages prêts à en prendre la tête. Elle serait incapable de gouverner immédiatement. Jean-Luc Mélenchon imagine une autre majorité de gauche, composée de l’aile gauche du PS, du Front de gauche et des Verts (qui commencent à se demander ce qu’ils sont allés faire dans cette galère). On peut toujours rêver. Le Front national, quant à lui, veut le chaos pour le chaos.
Ce n’est pas sous-estimer la gravité du scandale que de placer l’assainissement moral des institutions après le redressement économique. La duplicité d’un homme chargé de manier la matraque fiscale et qui, en même temps, est lui-même un fraudeur, est consternante. L’affaire mine les institutions. Il est logique de sonner le tocsin. Mais notre priorité, c’est le chômage, la dette, la précarité. Un charivari politique dans une conjoncture économique aussi préoccupante ne nous assure que d’une chose : une perte de temps, alors qu’il faut parer au plus pressé. C’est ce président que nous avons et nous n’en changerons, éventuellement, que dans plus de quatre ans. C’est avec lui et son gouvernement que les Français doivent travailler pour que le sort commun soit amélioré. C’est pendant les quatre années qui viennent que nous avons une chance de nous en sortir.
Moscovici, Valls et Taubira, cibles des médias et de l’opposition
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