Il n'est pas difficile d'expliquer cette impopularité. Non seulement les Français sont bousculés par les réformes, mais celles-ci sont nombreuses, annoncées de manière répétitive et l'opinion a beaucoup de mal à s'y retrouver. En outre, elle est très mécontente des mesures fiscales : celles qui réduisent le pouvoir d'achat sont entrées en vigueur en janvier, celles qui pourraient l'augmenter ne produiront leur effet que vers la fin de l'année. Sans doute pour alléger le poids de l'impopularité du président Macron, le chef du gouvernement prend à son compte la décision de changer le statut de la SNCF au moyen des ordonnances, ce qui, comme on pouvait s'y attendre, a soulevé l'ire syndicale, notamment celle de la CFDT.
On se demande pourquoi le Premier ministre veut aller si vite, pourquoi il prend le risque de fâcher les organisations syndicales, au risque de finir par provoquer le soulèvement qu'il a évité jusqu'à présent. De même, on se demande pourquoi il a pris sur lui d'abaisser de 90 à 80 kms heure la vitesse limite sur les routes départementales. « Une mesure qui sauve des vies est bonne », dit-il. Sûrement, mais il en a quand même fait une pomme de discorde entre Paris et la province, entre l'exécutif et les élus locaux (une de plus), entre les conducteurs et les autres. Il aurait pu y renoncer pour faciliter son action dans d'autres domaines. Il n'en a rien fait, comme si tout le quinquennat se jouait cette année : ça passe ou ça casse.
Les tempêtes qui s'annoncent
Cet entêtement à multiplier les « transformations » de la société française, en dépit des mécontentements multiples qu'il entraîne, l'intransigeance de maître d'école adoptée par le Premier ministre, la politique du fait accompli imposée aux corps intermédiaires, aux collectivités locales et à l'opinion en général sembleraient suicidaires si elles ne correspondaient pas à un plan arrêté l'an dernier et surtout si le pouvoir n'avait pas l'ardent désir de devancer les tempêtes européennes et internationales qui s'annoncent. Aux Etats-Unis, Donald Trump, par une série de mesures coercitives, en particulier son choix du protectionnisme, menace la prospérité européenne. L'Union européenne elle-même est en grand danger depuis que s'amoncellent les succès électoraux du populisme, dont le plus consternant est celui de l'Italie.
Dans ces conditions, Emmanuel Macron sacrifie sa cote de popularité au recours aux institutions, dont il se sert pour appliquer plus vite son programme. Il ne peut pas ignorer que l'affaiblissement politique de l'Allemagne et le renversement de majorité en Italie compliqueront énormément la réforme tant attendue du dispositif européen. Il voit que ses efforts diplomatiques pour raisonner les dictatures, en Turquie, en Syrie, en Russie, ne produisent aucun résultat. Tandis que Bachar Al Assad poursuit ses massacres dans la Ghouta orientale, que Poutine fait assassiner un agent double russe et menace l'Occident de ses nouvelles armes, que Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères ne parvient pas à modérer l'agressivité de l'Iran, que Trump érige la déraison en méthode de gouvernement, la France est pour le moment un des rares pays où existe une cohérence dans la philosophie et dans l'action.
L'opposition de droite ou de gauche peut bien souligner la précipitation, à ses yeux funeste, du gouvernement, M. Macron répond qu'il a un mandat de cinq ans et que rien ne peut modifier son parcours. Il s'agit donc d'une course de vitesse entre un changement profond de la société française et une baisse de popularité qui va se poursuivre mais sur laquelle M. Macron a fait une croix. La différence entre lui et ses prédécesseurs, c'est qu'ils ont essayé de maintenir l'équilibre entre l'intérêt général et leur intérêt personnel. On peut poursuivre cette analyse jusqu'à se poser la question des chances du président d'être réélu en 2022. Son idée, c'est que, après les réformes, la France devrait mieux se porter et qu'il lui accordera un second mandat. Inversement, il n'est pas impossible qu'il soit contraint de quitter le pouvoir après avoir transformé le pays.
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