LA SEMAINE dernière, sur Europe 1, le ministre de l’Économie avait déjà donné quelques signes : sa loi sur la croissance et le pouvoir d’achat ne reposera pas uniquement sur une réforme des professions réglementées. Seulement une douzaine de professions sur les 37 devraient être concernées et, à l’en croire, ce ne sera pas le grand chamboulement annoncé. « Je veux leur dire que nous n’allons pas casser leurs professions », affirmait Emmanuel Macron. Et d’annoncer que, de toute façon, les évolutions se feront dans la concertation. Chose promise, chose due. Vendredi dernier, il recevait, dans les locaux de sa collègue chargée de la Santé, Marisol Touraine, les trois syndicats d’officinaux (FSPF, USPO et UNPF*) et l’Ordre des pharmaciens. Les groupements avaient, quant à eux, rendez-vous hier.
Pas de statu quo.
Gage de leur volonté de dialoguer, les ministres ont annoncé la création d’un groupe de travail réunissant les représentants des deux ministères et ceux de la profession, qui rendra ses conclusions le 15 octobre au plus tard, à quelques jours du congrès national des pharmaciens (voir ci-dessous). « Cette invitation conjointe des deux ministres est un signe : la sécurité sanitaire et la proximité territoriale sont entendues », estiment les représentants de la profession dans un communiqué commun. « La délégation est restée ferme contre les quatre pistes de réformes envisagées par le gouvernement (vente de médicaments hors pharmacie, liberté d’installation, ouverture du capital, médicaments et internet) », insistent-ils. Tout en précisant aux ministres que « la profession, qui a toujours su s’adapter, reste favorable à des réformes constructives pour l’exercice professionnel en faveur des patients ». « Nous avons senti des ministres à l’écoute, avec l’envie de trouver une voie commune avec la profession », indique Philippe Gaertner, président de la FSPF. S’il se félicite que les deux ministres aient rappelé l’importance du respect du maillage territorial et de la sécurité du médicament, Philippe Gaertner souligne qu’il « a aussi été rappelé qu’il n’y aurait pas de statu quo ».
Les menaces subsistent.
Toutefois, malgré cette amorce de discussions, les syndicats maintiennent l’appel à la grève du 30 septembre. Gilles Bonnefond, président de l’USPO, veut même aller plus loin et estime qu’il faut renforcer la grève des gardes. Pas rassuré, il affirme que, pour l’heure, aucune piste de dérégulation de l’officine n’est abandonnée. Avis partagé par l’UNPF. En effet, pour le syndicat, même si cette réunion est le signe que, depuis juillet, les ministres ont évolué et pris en compte les arguments de la profession concernant la sécurité sanitaire et la force du maillage, « aucune avancée concrète n’a eu lieu ». « Le danger est grand pour la profession et la mobilisation doit être renforcée », affirme l’UNPF.
Les discussions s’annoncent donc serrées. Si la ministre de la Santé s’est dite défavorable à la vente de médicaments en grande surface, le préprojet concocté par Bercy avant l’arrivée d’Emmanuel Macron prévoyait de revoir complètement le modèle officinal français (« le Quotidien » du 15 septembre). De quel côté penchera la balance ? La profession sera fixée à la mi-octobre. Le projet de loi sur la croissance et le pouvoir d’achat sera, lui, débattu au Parlement au début de l’année 2015. Philippe Gaertner en est convaincu : « Jusqu’au dernier amendement, il faudra être vigilant. »
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