LE CAS de Ségolène Royal est peut-être le plus impressionnant : où est passée la ministre flamboyante qui n’a pas froid aux yeux, qui bouscule tous les tabous, qui ne mâche pas ses mots ? Trois jours avant de « suspendre sine die » l’écotaxe, mesure tronquée qui ne devait plus rapporter que quelque 500 millions d’euros au lieu de 1,2 milliard, elle semblait encore y croire dur comme fer. Tout, son credo écologiste, son passé politique, sa fermeté notoire, incitait à penser qu’elle tiendrait bon. Il lui a suffi de discuter avec les représentants des routiers, qui agitaient l’épouvantail du chômage, pour renoncer, non sans laisser transparaître l’amertume de sa défaite. Après quoi, elle a fait comme n’importe quel ministre soumis au tir de barrage, en l’occurrence celui des écologistes : elle a tout simplement avoué qu’elle n’avait pas assez d’autorité pour imposer l’écotaxe sans déclencher grèves et violences.
L’affaire de l’écotaxe traduit un malaise beaucoup plus général : y a-t-il une politique que le gouvernement puisse entreprendre sans dommages et ses administrés, au bord de la crise de nerfs, accepteront-ils les réformes indispensables, mais douloureuses, qu’il lui faut entreprendre ? Les hausses d’impôts, qui atteignent de plein fouet des ménages qui n’ont pas les moyens de les payer, entraînent dans les centres fiscaux (dont les employés sont au plus près du mal être national) des réclamations, des demandes d’exonération ou de report, parfois assorties de colère et d’aggressivité. Le pouvoir est conscient du ras-le-bol fiscal, ce qui l’a conduit à supprimer la première tranche du barème de l’impôt sur le revenu. Mais, dans le même temps, des mesures antérieures qui taxent le capital au même titre que le travail font porter l’effort toujours sur les mêmes : selon « le Monde», 20 % des ménages ont payé 75 % des hausses depuis deux ans ; elles ont rapporté 8 milliards. Cependant, si l’on en juge par l’insuffisance des investissements, ne doit-on pas en conclure que ces hausses auront coûté plus cher qu’elles n’ont produit ?
Un différend Hollande-Valls.
Voilà en outre que le président et le Premier ministre ne s’entendent plus aussi bien. M. Hollande avait nommé M. Valls en lui demandant de faire du Valls. Ce qu’a fait le Premier ministre : ce n’est pas par hasard si le ministre du Travail, François Rebsamen, réclame un contrôle plus strict des chômeurs. Qu’est-ce qu’une réforme du chômage ? Une façon de réduire les avantages sociaux accordés aux chômeurs pour qu’ils se hâtent de retrouver un travail. Certes, à près de 10,5 %, le taux de chômage est assez élevé en France pour qu’on n’aille pas croire que cette immense cohorte est composée exclusivement de paresseux. Il demeure qu’une réforme n’est pas jamais juste. Son rôle, c’est d’être efficace. Inutile d’expliquer ici comment les syndicats, y compris la CFDT accueillent les idées de M. Valls sur l’emploi. Mais ces frondes qui menacent ici ou là affolent l’Élysée ; il craint visiblement une explosion sociale. Dès lors que tous les corporatismes expriment leur indignation chaque fois qu’une réforme risque de porter atteinte à leur statut, comme on l’a vu avec la grève des professions réglementées, le Medef n’a plus envie de construire l’usine à gaz que serait le compte « pénibilité » de chaque travailleur. On est en train de s’apercevoir que le nombre des professions « pénibles » est très élevé et qu’on n’accordera pas des droits supplémentaires à ceux qui les exercent sans démolir les systèmes de retraites, lesquels sont déjà largement déficitaires et méritent une nouvelle révision. M. Hollande a déjà renoncé à équilibrer un jour le budget de l’État, il se pourrait bien qu’il termine son mandat en roue libre.
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