L’ORDONNANCE papier appartiendra peut-être bientôt au passé. Les sept Ordres nationaux des professions de santé* viennent en effet de rédiger une note d’orientation dans laquelle ils proposent de déployer la prescription électronique. Depuis l’an dernier, les Ordres étudient de près ce projet. Pour cela, ils se sont notamment inspiré des expériences en la matière de pays européens, comme l’Espagne (la Catalogne et l’Andalousie), l’Italie, ou la Belgique (voir encadré). Aujourd’hui, « le temps est venu d’agir », écrivent les auteurs de la note. Car, pour eux, la prescription électronique « devient incontournable ». La raison ? « Elle comporte un fort impact positif pour faciliter la sécurité des exercices professionnels et leur qualité tant au titre de chaque professionnel de santé qu’au titre des bénéfices en santé publique, pour améliorer la sécurité et la qualité des prescriptions », répondent-ils.
« Nous avons réalisé cette note afin d’alerter les pouvoirs publics de notre souhait d’avancer sur ce sujet », explique Patrick Fortuit, vice-président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Les autorités françaises semblent y avoir prêté une oreille attentive. Selon Patrick Fortuit, le ministère de la Santé souhaiterait même en faire une de ses priorités.
Des tâches simplifiées.
La caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) y est également favorable. Dans le cadre de la généralisation de la scannerisation des ordonnances par les pharmaciens à la fin de l’année dernière, l’organisme payeur affirmait que, à terme, la dématérialisation totale de la prescription, via la prescription électronique, constituait son objectif cible. Un objectif facile à comprendre lorsque l’on sait que l’assurance-maladie ne traite pas moins de 750 millions d’ordonnances papiers chaque année (dont les trois quarts correspondent à des prescriptions médicamenteuses). Une gestion lourde et consommatrice de temps. « On estime que les surfaces liées à l’archivage des pièces justificatives papier dans les caisses d’assurance-maladie occupe 424 kilomètres linéaires chaque année », indique la CNAM. Le coût est aussi important. « Chaque année, la collecte des ordonnances papier par l’assurance-maladie auprès des pharmacies représente une dépense de 4 millions d’euros, souligne l’organisme payeur. Le coût de photocopies d’ordonnances non dupliquées s’élève, quant à lui, à 3 millions d’euros. »
La prescription électronique devrait également être bien accueillie par les officinaux. En tout cas, ceux qui se sont lancés dans la numérisation des ordonnances - l’étape intermédiaire en quelque sorte -, ne semblent pas envisager un retour en arrière (« le Quotidien » du 7 novembre). Notamment parce que cela représente un allégement des tâches administratives et un gain de temps non négligeable. Une évolution attendue, donc, à l’heure où la profession devra être plus disponible afin d’assurer de nouvelles missions rémunérées.
Une sécurité renforcée.
Patrick Fortuit estime que la e-prescription permettra aussi d’améliorer encore les échanges entre professionnels de santé, en particulier ceux du couple médecin-pharmacien. Le canal servant à diffuser l’ordonnance électronique pourrait également servir à envoyer des informations au praticien sur la dispensation. Par exemple, quels médicaments ont réellement été délivrés au patient. Pour le vice-président de l’Ordre des pharmaciens, la prescription électronique renforcera aussi la sécurité de la dispensation en mettant fin aux ordonnances illisibles, sources d’erreur. Enfin, c’est une arme antifraude implacable. Terminées les prescriptions de faux médecins, les ordonnances volées ou falsifiées. En effet, le projet des Ordres prévoit que la rédaction d’une e-ordonnance ne puisse se faire que par un médecin muni de sa carte de professionnel de santé (CPS), en présence d’un patient doté de sa carte Vitale. La prescription est ensuite envoyée vers un hébergeur. Patrick Fortuit préconise qu’un plan thérapeutique, qui ne permettrait pas la délivrance de médicaments mais détaillerait tout de même les spécialités prescrites et leurs posologies, soit remis au malade. Enfin, le patient se rend dans la pharmacie de son choix, où là encore, la CPS de l’officinal couplée à la carte Vitale du patient sera le sésame pour consulter la prescription.
Les pharmaciens pilotes.
L’idée est séduisante. Mais il faudra certainement être encore un peu patient avant que les prescriptions électroniques voient le jour en France. Mais la volonté est là, du côté des professionnels comme des pouvoirs publics. « Il faut commencer pour voir comment cela peut fonctionner chez nous », estime Patrick Fortuit. Et les officinaux devraient occuper une place de choix dans le développement du système. « Les médicaments et les dispositifs médicaux étant tous codés, il est possible d’envisager une première « phase pilote » avec les pharmaciens, sur deux ou trois bassins de population choisis en fonction de leur dynamisme et de leur degré d’avancement dans la mise en œuvre des projets nationaux en matière de « e-santé », indiquent ainsi les auteurs de la note. Ces régions pourront tester les solutions proposées avec, au total, une centaine de pharmacies et de praticiens. Le même type de recherche devrait être réalisé concomitamment avec les laboratoires d’analyses médicales. » Viendra ensuite le temps du bilan, avant d’envisager une éventuelle généralisation du dispositif. S’il est encore difficile de dire quand tout cela se mettra en place, une chose semble sûre : les prescriptions virtuelles seront un jour une réalité au comptoir.
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