ENTRÉ en apprentissage à 12 ans dans l’atelier de Pacheco, Diego Rodriguez de Silva y Velázquez (1599-1660) se retrouve dans un environnement très érudit et au cœur de la réhabilitation de l’Immaculée Conception, qu’il est désormais interdit de critiquer et qu’il représente. Il peint aussi des bodegón, natures mortes naturalistes qui rencontrent un grand succès. Au cours de son premier voyage à Madrid, il découvre le caravagisme, venu d’Italie (« Saint Thomas »), et, assez vite, est appelé à la cour, où il effectue son premier portrait du jeune souverain, qui le fait peintre du Roi.
Rubens, de passage, encourage son voyage en Italie, où il découvre l’antique, ses contemporains Poussin, Le Lorrain, Pierre de Cortone, la peinture d’histoire (« la Forge de Vulcain », « la Tunique de Joseph ») et de paysage. De retour à Madrid, c’est l’infant et héritier Balthazar Carlos qu’il peint régulièrement, jusqu’à ce « Portrait avec un nain déguisé en enfant » qui emporte avec lui les symboles de l’enfance. Dans le portrait de l’infant sur son poney, il s’adonne avec la campagne madrilène à tout son talent de paysagiste. Dans ses sujets mythologiques, Velázquez réalise de vibrants portraits, brouillant un peu les genres. Qui est cette Vénus dont le visage se reflète dans le miroir ? La représentation des bouffons est pour lui une occasion de sortir des portraits de cour très codés.
En Italie.
Le roi décide alors de l’envoyer en Italie, pour acquérir des œuvres antiques et modernes pour le nouveau palais du Retiro et pour attirer des peintres chargés de décorer ce dernier. À Rome, il exécute le magistral portrait du pape Innocent III, que celui-ci qualifie de « troppo vero » (trop vrai). À son retour, il est nommé maréchal du Palais, la plus haute distinction. Le roi, marié en secondes noces à Marie-Anne d’Autriche, se doit de disposer de nombreux portraits de famille, pour enrichir ses alliances politiques et matrimoniales. Velázquez est à la tête d’un large atelier, secondé par son gendre Juan Baptista Martinez del Mazo, qui fournit des copies.
Peintre du Siècle d’or, Velázquez a essentiellement travaillé pour le Roi et ses tableaux sont restés dans les collections royales. Les fameuses « Menines » n’ont pas été demandées pour l’exposition, considérées comme « un monument ». C’est avec l’ouverture du Prado, au XIXe siècle, que l’œuvre du peintre connaîtra une reconnaissance internationale pour son naturalisme et son anticlassicisme. Napoléon et Wellington ne s’y étaient pas trompés lors de leurs campagnes ; pour la France, les tableaux ont été rendus en 1815.
Tél. 01.44.13.17.17, www.grandpalais.fr.
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