En 2011, le Québec a adopté une loi modifiant la loi sur la pharmacie. Appelée loi 41, celle-ci est entrée en application en 2015 et confère aux pharmaciens d'officine huit nouvelles activités. L'objectif est de redessiner le parcours de soins du patient et d'optimiser l'intervention de l'officinal pour faire face à une démographie médicale en difficulté.
Que les choses soient claires. Le diagnostic est toujours du ressort du médecin, et l'objectif n'est pas que le pharmacien le remplace. « Je crois que cette base est bien admise présentement. Aucun médecin n'a fait faillite au cours de ces deux dernières années et les autorités de santé n'ont pas enregistré de vagues de décès suite à l'élargissement des compétences du pharmacien », ironise Bertrand Bolduc, président du Conseil de l'Ordre des pharmaciens québécois.
Pour souligner l'impact de la loi 41 sur l'exercice officinal, il utilise une formule très explicite : « C'est comme si on demandait à un gardien de sortir de ses buts et d'aller sur le terrain. » Parmi les mesures phares de la loi 41, il y a le prolongement de l'ordonnance et la possibilité de l'ajuster si besoin. Une façon de désengorger les cabinets médicaux sans interrompre les traitements chroniques. Lorsque le pharmacien prolonge une ordonnance, c'est pour une période ne pouvant pas excéder la durée initiale de la prescription, et sans dépasser 12 mois au total. Les stupéfiants sont exclus. Le médecin traitant doit toujours être tenu informé. « Le pharmacien peut accepter ou refuser de prolonger l'ordonnance. Mais il doit toujours justifier cliniquement sa décision », explique le président québécois. C'est aussi à partir d'un élément clinique que le pharmacien peut ajuster une prescription. Différentes situations peuvent conduire à cet acte, comme la modification des paramètres biologiques du patient, la survenue d'effets indésirables, ou la nécessité d'atteindre des cibles thérapeutiques. Le meilleur exemple est l'ajustement d'une prescription d'anticoagulant à partir de la mesure de l'INR.
Des prescriptions encadrées.
Parmi les nouvelles activités accordées à l'officinal, le droit de prescrire des médicaments et des analyses de biologie médicale est sans aucun doute la plus impensable du point de vue français. Bien entendu, ces prescriptions sont encadrées et restreintes à des situations définies comme les « conditions mineures ». Il s'agit de situations médicales pour lesquelles un diagnostic a déjà été posé antérieurement, mais dont la récurrence des symptômes ne justifie pas une nouvelle consultation médicale. Douze conditions mineures ont été définies, dont la rhinite allergique, l'acné mineure ou l'infection urinaire chez la femme.
Les avantages de ces mesures pour le patient ont rapidement été appréciés : une prise en charge efficace, rapide et sécurisée, et un traitement remboursable par les assurances. Pour Bertrand Bolduc, « la proximité des pharmaciens est un véritable atout. C'est aussi une profession prudente de par sa formation, qui ne prend pas de risques inutiles ». La relation médecin/pharmacien s'en trouve renforcée : « Une réelle complémentarité s'établit entre ces professions. » Mais à l'Ordre québécois, c'est surtout la déprescription qui apparaît être l'activité d'avenir : « La rémunération sur le volume de médicaments n'a plus de sens pour une profession dont le travail est d'optimiser l'utilisation de ces produits. C'est sur la révision périodique de la médication et la possibilité de déprescrire que devrait se baser maintenant notre rémunération. »
Tandis qu'une nouvelle Convention pharmaceutique est en discussion en France, l'expérience québécoise démontre l'étendue des ressources officinales.
D'après une conférence donnée lors du colloque de droit pharmaceutique à Poitiers, 12 avril 2017.
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