Nous n'avons aucune raison a priori de ne pas adhérer à de vertueux principes de gouvernance. Nous n'ignorons pas que le « système » né de la Vè République a produit des rentes de situation et maintenu des inégalités multiples, entre riches et pauvres, entre hommes et femmes, par exemple. Il serait bon d'y remédier à la faveur d'une gouvernance éclairée, courageuse et réformiste. Mais, quand on mesure le niveau de notre endettement, l'incapacité de notre société à contenter tous nos concitoyens bien qu'elle dépense 600 milliards en prestations sociales, et à cette emprise interminable du chômage sur l'économie, on se demande pourquoi le passage à une nouvelle République règlerait ces douloureux problèmes.
Le mot populisme n'est d'ailleurs pas le bon, parce qu'il est tiré du mot peuple qui désigne ce qui devrait être l'objet de tous les efforts de nos gouvernants. Le peuple qui se révolte contre un statu quo intolérable est dupé par ceux qui tirent de cette souffrance l'aliment de leur popularité. À l'extrême droite ou à l'extrême gauche et parfois entre les deux, des candidats qui se présentent comme des ascètes, des adeptes du dépouillement, de la simplicité et du désintéressement, abondent dans le sens des révoltés et leur jurent que le pays va aussi mal qu'ils le croient. Le populisme, c'est d'abord un diagnostic sinistre, puis un remède de cheval. En d'autres termes, il ne s'agit pas seulement de vaincre politiquement les forces qui maintiennent le « système », il faudrait les ramener au statut présent des révoltés. De sorte qu'il serait possible de remettre en cause toutes les constructions de l'après-guerre, à commencer par l'Union européenne et l'euro, une paix de 71 ans que n'ont pas brisée les conflits régionaux, l'incroyable développement économique, social et technologique qui s'est produit en moins d'un siècle.
Du Brexit à l'élection de Trump.
Opposer cette analyse aux populistes, ce serait rejoindre la clique qui nous ferait prendre des vessies pour des lanternes ; ce serait rester sourd aux cris des déshérités ; ce serait vanter l'ordre politique par peur du désordre, se cramponner à des structures sclérosées pour empêcher le changement. En d'autres termes, les innovateurs nous feraient payer les erreurs commises par une classe politique à abattre en démantelant les institutions. À leur agressivité, il faut répondre avec l'ardeur, l'intensité, la foi du modéré : il ne faut pas riposter au mal par le pire. Il ne faut pas croire qu'en cassant le « système », nous allons trouver l'harmonie sociale, la solidarité, la tolérance dont nous avons tous besoin, pauvres ou moins pauvres, ou riches. Nous irions vers l'inévitable mésaventure que contiennent les idées dites révolutionnaires et exprimées par les extrêmes sur un ton sardonique. Nous irions vers une société marquée par des règlements de compte entre anciens et nouveaux gouvernants. Vers une crise irréparable, qui, sans guérir la moindre de nos plaies, s'ajouterait à celles que nous n'avons pas su cicatriser.
Deux exemples appuient notre thèse. D'abord celui du Brexit qui, avant même d'être mis en œuvre, déclenche en Grande-Bretagne un malaise insurmontable, avec le dilemme posé par la Cour suprême qui exige que le Brexit soit soumis au Parlement bien qu'il ait fait l'objet d'un référendum. Il faut se méfier des référendums. Ils constituent l'une des expressions les plus claires du populisme et de ce qu'on appelle la « démocratie directe » sans prendre en compte la difficulté à concilier 65 millions d'opinions. Ensuite celui de l'élection présidentielle américaine où, de toute évidence et quoi qu'en disent les ennemis de la démocratie, un populiste qui n'a jamais été élu auparavant, entre sans coup férir à la Maison Blanche. Que fera-t-il de sa triomphale ignorance, de son narcissisme, de son simplisme ? Comment croire qu'avec lui son pays ira mieux ?
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion