Vladimir Poutine n’est pas étranger à cette évolution de la mentalité française. Parce qu’il met tous les moyens dont il dispose au service de la grandeur russe. Parce qu’il cultive l’anti-américanisme, considéré en France comme le nec plus ultra de l’indépendance française. Parce qu’il se dresse contre l’Union européenne, créature monstrueuse sortie du cerveau de nos technocrates et cause de tous nos malheurs. Le président russe serait exemplaire parce qu’il défend les intérêts de son pays. Tout le monde, pratiquement, a oublié que son projet s’appuie sur le cynisme, la suppression des libertés, la propagande la plus grossière et le vain espoir de reconquérir les terres perdues par l’ancienne URSS. Trouver en Poutine le modèle qui nous rendra des libertés que nous avons toujours n’est pas le moindre paradoxe de ce raisonnement, qui ressemble davantage à une contorsion grotesque de la pensée qu’à un produit de l’intelligence.
Le militantisme anti-européen a pris en France de telles proportions qu’il se transforme en une école philosophique regroupant, sous le terme de souverainisme, des personnalités de tous les bords. C’est ainsi que des élus de droite et de gauche se sont rendus à Moscou et à Damas, à plusieurs reprises, pour converser avec M. Poutine et le dictateur sanguinaire de Syrie que le maître du Kremlin protège en bombardant les rebelles syriens les plus modérés. Un courant puissant qui développe son idéologie voit dans l’appartenance de la France à l’Europe une forme de domination allemande sur notre pays. Marine Le Pen, le 7 octobre, à Strasbourg, ne s’est pas privée d’interpeller la chancelière Angela Merkel et François Hollande, venus au Parlement pour réaffirmer leur soutien au projet européen. Elle s’est exprimée en des termes grossiers et provocateurs, comme si l’indifférence aux fonctions occupées par des personnes élues au suffrage universel, l’insulte personnelle (Hollande, « vice-chancelier de la province France »), le tintamarre d’une opposition certes forte mais purement destructrice, l’agressivité comme seule forme de discours allaient apporter des solutions immédiates.
Le vrai visage de Marine.
Que des hommes ou des femmes, de droite ou de gauche, se retrouvent dans ce camp-là sous le prétexte qu’il faut remonter le cours de l’histoire, chercher dans notre passé la grandeur perdue, appliquer à des problèmes contemporains une politique vieille d’un siècle, est confondant. On en arrive à imaginer que le meilleur moyen de guérir les Français saisis par la fièvre du nationalisme, c’est de mettre Marine Le Pen au pouvoir et lui laisser quelques mois pour plonger notre pays dans un désastre économique, financier, commercial, géopolitique qui guérirait notre société de cette tentation mortelle. À Strasbourg, toute la France a pu voir le vrai visage de Marine Le Pen, qui est celui de son père : on y découvrait le mépris pour ses interlocuteurs, certes, mais aussi le cynisme contenu dans l’accumulation des mensonges et des exagérations outrancières. Mme Le Pen ne veut pas le salut de la France : elle voit son pays sous un jour si désespérant que son amour pour lui est surtout une passerelle vers le pouvoir et rien d’autre. Qu’elle gouverne et elle exercera sur ses compatriotes le plus sévère des contrôles, le plus contraignant des diktats, et lui administrera la plus amère des potions.
Dans cette aventure qui tente de si nombreux Français, que deviennent les fondements de la société ouverte qui est la nôtre, que deviennent nos libertés, que deviennent nos droits ? Que nous feraient-ils pour que leur pays ressemble à celui de Poutine ?
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