Ce malentendu n'est pas nouveau, mais les pouvoirs publics, dans cette querelle, se sont montrés particulièrement maladroits. La vérité est pourtant simple à exposer. L'État, ce n'est pas nouveau, a besoin d'argent pour boucler un budget qui sera de toute façon déficitaire de 2,8 % du produit intérieur brut. Comme il vient de diminuer la taxe d'habitation, il estime avoir accompli un exploit. Il l'a fait, mais les maires désargentés sont libres de ne pas appliquer sa décision et 20 % des contribuables continuent à payer plein pot une taxe d'habitation qui, pour eux, a été augmentée.
Voilà que, dans le même projet de budget, le gouvernement augmente encore les taxes sur le carburant. Le prix de l'énergie, soumis à la volonté des pays producteurs de pétrole, a considérablement augmenté depuis un an et rien ne dit qu'il va baisser. C'est dans ce contexte qu'en 2018 et 2019, l'État accroît la pression fiscale sur des produits déjà chers pour ceux qui en ont besoin. Non sans hypocrisie, il s'abrite derrière la cause écologiste. Le président Macron, a dit son porte-parole, Benjamin Griveaux, ne fait qu'appliquer des mesures annoncées lors de sa campagne électorale. Est-ce que cela signifie qu'on obéit religieusement au projet sans se soucier de la réalité conjoncturelle ? Il n'est pas difficile d'opposer à cette thèse un argument évident : l'énergie plombe les comptes des foyers, contraints de faire des économies sur d'autres dépenses, ce qui veut dire que l'économie en souffrira.
Ségolène Royal, ancienne candidate à la présidence de la République, et ancienne ministre de l'Environnement, s'est fait remarquer en dénonçant l'hypocrisie du gouvernement. Il ne s'agit pas d'une mesure favorable à l'environnement, il s'agit d'un matraquage fiscal, d'écologie punitive, assure-t-elle. Certes, on peut toujours la soupçonner de se venger d'un pouvoir qui ne lui a pas proposé la succession de Nicolas Hulot, mais il ne faut pas sortir de Polytechnique pour comprendre que le réchauffement climatique a bon dos.
Les prélèvements ne suffisent jamais
Et non seulement les Français sont convaincus qu'ils paient trop d'impôts, mais les chiffres sont là pour le prouver. D'abord, l'État continue à emprunter et augmente sa dette, qui a atteint 99 % du PIB et 2 300 milliards d'euros, dans un pays où les prélèvements obligatoires ont atteint en 2017 les mille milliards d'euros (ce qui s'explique, pour être honnête, en partie par la croissance), et où la pression fiscale absorbe 45 % du PIB, sans pour autant que nous ayons diminué d'un euro le poids de la dette. Nous la financerons confortablement tant que les taux d'intérêt restent bas. Mais ils vont inévitablement augmenter dans les mois et les années qui viennent et la part du financement de la dette dans le budget, qui constitue déjà le premier poste des dépenses publiques, risque de s'élever encore.
On ne terminera pas ce bref exposé sur l'état de notre fiscalité sans reconnaître que les contribuables se moquent comme d'une guigne, pour la plupart, du déficit budgétaire et de la dette. Et bien sûr ils ont tort. Ce qui les bouleverse, c'est que les prélèvements obligatoires (cotisations, impôts et taxes) ne suffisent jamais. Le gouvernement de M. Macron, comme ses prédécesseurs, s'y entend fort bien pour noyer ses décisions dans des explications qui ne datent pas d'hier et n'ont jamais convaincu grand monde. De ce gouvernement qui ne cesse de rappeler sa volonté réformatrice, on pouvait attendre une vaste réforme fiscale qui aurait commencé à apurer la dette et à stabiliser les impôts. Quadrature du cercle ? Sûrement. Mais si la hausse des prix du carburant était contenue dans le programme électoral, la thérapie contre nos maux fiscaux y figurait aussi.
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