La réforme du code du travail n'a pas été accueillie avec un réel enthousiasme par l'opinion et par les syndicats. Mais elle n'a pas non plus déclenché l'hystérie d'un peuple dont M. Macron disait encore, il y a quelques jours, qu'il « déteste » les réformes. Les syndicats ne sont pas unis dans la protestation. Jean-Claude Mailly, chef de Force ouvrière, refuse de rejeter en bloc le contenu des ordonnances et de participer à la manifestation organisée ce mois-ci par la CGT. Laurent Berger (CFDT) se déclare déçu, estime qu'une occasion a été manquée, mais il ne se place pas non dans une opposition systématique. Seule la CGT de Philippe Martinez continue à réclamer une réforme qui augmente les salaires, l'emploi et la sécurité des salariés.
En somme, le débat se situe non pas au niveau des objectifs mais de la méthode. Le gouvernement pense que la réécriture du code du travail n'est que le premier pilier d'une restructuration beaucoup plus vaste du pays et qui concernera, à terme, la formation professionnelle et les retraites. Certes, l'opinion et les syndicats souhaitent des avancées spectaculaires dans la création d'emplois. Mais, de même qu'un jugement porté sur la gouvernance de MM. Macron et Philippe au bout de trois mois ne semble pas pertinent, aucune réforme ne produit des effets avant un ou deux ans.
La France commence à bouger
Aussi bien la question ne concerne-t-elle pas encore le nombre d'emplois que pourrait créer la première grande réforme du nouveau président, mais le degré de virulence exact de l'opposition. On peut toujours craindre un incendie en septembre. On n'en voit pas les prémices. La « nouvelle gauche » est plus une vague perspective qu'une réalité ; la droite cherche ses marques ; la CGT est isolée ; la CFDT proteste contre les mesures adoptées mais pas contre la philosophie qui les a produites. Sans tomber dans un optimisme béat qui n'a jamais cours dans un pays désabusé et frondeur, on se demande si, cette fois, la France ne commence pas à bouger.
Le chef de l'État a démontré, dans les propos qu'il a tenus la semaine dernière dans « le Point », qu'il entendait progresser sur un front le plus large possible, avancer, au nom d'un credo intangible fait de lucidité et de transparence, sur tous les dossiers intérieurs et étrangers. Pendant que les Français semblaient se détourner de lui, au mois d'août, il s'est montré inlassable, tenant à la Pologne le discours ferme que mérite la dérive de ses institutions vers l'autoritarisme, cherchant à engager une nouvelle politique de l'immigration fondée en premier lieu sur des efforts tendant à fixer les populations sur leur pays de naissance, exposant à la conférence des ambassadeurs une technique diplomatique assez nouvelle et peut-être moins discrète : dire tout bas aux dirigeants étrangers ce que la France pense vraiment, puis parler librement en public.
La chute de la popularité de M. Macron est-elle un trou d'air ou annonce-t-elle une descente aux enfers, celle qui a fini par éliminer François Hollande de la course présidentielle ? Les Français jugeront sur les résultats. Le sort du président dépend de ce que produira un faisceau de réformes engagées cette année et l'année prochaine, de la réduction du taux de chômage, du retour de la confiance chez les chefs d'entreprise et chez les salariés. Le chef de l'État est tout de même aidé par un retournement de la conjoncture, plutôt favorable avec la baisse du coût de l'énergie, des taux d'intérêt très bas, un raffermissement de l'euro qui limite notre déficit commercial, une croissance plus solide et un taux de chômage, certes en dents de scie, mais qui semble et bien reculer. Entre les effets de la conjoncture et les effets de la politique économique et sociale de M. Macron, on aura bien du mal à établir la distinction.
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