Depuis la disparition de Picasso (1881-1973), une vingtaine d’expositions ont recherché l’impact qu’il a eu sur la création au XXe siècle. Si ses dernières œuvres érotiques ont été vivement contestées lors de leur présentation en Avignon en 1970, cela ne durera pas. Et que ce soit à Londres en 1981 ou au musée Guggenheim à New York en 1984, les artistes américains et européens lui reconnaissent une influence indéniable, comme le montre la série d’interviews qui introduit l’exposition ; influence le plus souvent sous forme d’une liberté qui les a encouragés.
Le cubisme est repris par David Hockney dans ses polaroids et découpages des années 1980, qui explorent une vision polyfocale. « Les Demoiselles d’Avignon » par Sigmar Polke, Jeff Koons. Au-delà des prostituées, la présence de masques africains dans le tableau favorise la reconnaissance de cet art pour les artistes africains et afro-américains, tandis que son association à la femme soumise provoque aussi une réaction plus ambivalente chez les artistes femmes. « Guernica », présenté dans le pavillon républicain espagnol de l’Exposition universelle de 1937 à Paris, est immédiatement associé à la lutte contre le fascisme et le totalitarisme. Après la guerre, le tableau est l’image de l’engagement de Picasso au Parti communiste et dans le mouvement de la paix. Il inspire le premier court-métrage prémonitoire de l’étudiant yougoslave Kusturicka et est repris par les artistes américains (dont Léon Golub) pour manifester une résistance à la guerre du Vietnam. Adel Abdessemed, de manière plus générale, y voit que « l’homme est un loup pour l’homme ».
L’histoire de l’art
Les célèbres portraits de femmes des années 1930, entre cubisme et surréalisme, avec leurs déformations expressives, marquent les artistes pop des années 1960, qui rejettent l’abstraction. Warhol dans ses portraits en série, Erro en associant toutes ses périodes, Roy Lichtenstein en transformant ses tableaux en icones populaires. Jasper Johns en le reconnaissant comme maître de l’art contemporain, détrônant ainsi Duchamp.
Les photos du maître par David Douglas Duncan inspirent quelques dizaines d’années plus tard Martin Kippenberer, qui, dans un premier temps, se parodie en caleçon comme Picasso, puis après la disparition de ce dernier, fait d’après photos des portraits de sa veuve Jacqueline. La vidéo de Rineke Dijkstra fait réagir en 2009 des adolescents devant le portrait de Dora Maar de 1937. « La Femme qui pleure » revit sans que le portrait n’apparaisse à l’écran. Même absent, il participe à l’histoire de l’art contemporain.
« Pour moi, peindre c’est une manie », voila ce qui explique le titre de l’exposition, mais sa « manie » ne prédisposait pas fatalement à une œuvre si influente.
À noter que le musée Picasso fête ses 30 ans à partir du 20 octobre, avec un nouvel accrochage, qui permet, grâce aux archives conservées au musée, de s’introduire dans le processus créatif de l’artiste.
– Musée Picasso, tous les jours sauf le lundi, de 9 h 30 à 18 heures. Tél. 01.85.56.00.36, www.museepicassoparis.fr.
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