Alcool à brûler, White spirit, débouche évier… ces produits ménagers très toxiques possèdent souvent des bouchons de sécurité, pour retarder leur accès aux enfants. Malheureusement, il n’en est pas de même pour les médicaments présentant un danger pour les enfants.
Pourtant, « selon le registre Toxinfo 2015 (registre suisse de notification des intoxications accidentelles), les médicaments représentent la deuxième cause d’intoxication des enfants, avec environ 5 000 cas sur 17 000 cas rapportés en 2015 (soit 30 %). Juste devant, on retrouve les produits ménagers (5 500 cas, soit 32 %) », rapporte la revue « Prescrire ».
Les sirops codéinés à l'index
Malgré ce constat, les médicaments sécurisés sont bien rares. En France, par exemple, sur les 13 sirops antitussifs à base de codéine disponibles sur le marché en automédication, aucun ne possède de bouchon de sécurité. Notamment, Eucalyptine Le Brun, Néo-Codion enfant, et Tussipax Bailleul, qui ont été épinglés d’un carton rouge du conditionnement par « Prescrire ». La revue rappelle que la codéine peut exposer les enfants à un risque de dépression respiratoire.
Les intoxications accidentelles peuvent également avoir pour origine des spécialités liquides non destinées à la voie orale. Comme, le benzoate de benzyle (Ascabiol), un traitement de la gale qui se présente sous forme d’émulsion pour application cutanée, qui a lui aussi écopé d’un carton rouge du conditionnement. Le Résumé des caractéristiques du produit (RCP) indique clairement qu’il existe un « risque convulsion en cas d’ingestion accidentelle ». Néanmoins, le flacon est dépourvu de bouchon sécurisé.
Autre exemple, les 6 collyres à base de brimonidine (Alphagan et génériques) utilisés dans le glaucome. Tous précisent que « des notifications d’effets indésirables graves consécutives à l’ingestion accidentelle de brimonidine par des enfants ont été rapportées ». Notamment un coma temporaire, bradycardie, hypothermie, dépression respiratoire et apnée, avec parfois des admissions en soins intensifs avec intubation. Même si tous les sujets se sont rétablis rapidement (dans les 6 à 25 heures), le risque est établi. Mais « les firmes et les agences n’ont pas jugé nécessaire la mise en place d’un bouchon de sécurité sur ces collyres », déplore « Prescrire ».
Une sécurisation possible
Pourtant, la sécurisation est possible et peu onéreuse. Pour preuve, ce même médicament commercialisé sous forme de gel, en traitement de la rosacée, est équipé d’un bouchon de sécurité. Car, durant le développement de la spécialité, deux enfants d’un sujet du groupe « gel de brimonidine 0,5 % » ont confondu le médicament avec du dentifrice et ont ingéré le produit, ce qui a conduit à des effets indésirables graves (détresse respiratoire et cardiaque, etc.).
Alors pourquoi ces mesures de protection des enfants ne sont-elles pas plus systématiques ? « Prescrire » met en cause les « firmes et les agences sanitaires, qui ne semblent pas toujours se préoccuper de ce risque d’intoxication accidentelle ». Du côté des familles, certaines mesures doivent également être mises en place pour assurer la sécurité des enfants : ranger les médicaments hors de portée de main (armoire à pharmacie fermée à clé), ne pas banaliser la prise de médicament et rapporter les médicaments non utilisés à la pharmacie.
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