« MA PREMIÈRE VISION du pays ? Un camping géant ! », raconte Christophe Luyckx, directeur général de PAH, qui rentre tout juste d’Haïti. Mais si les tentes sont présentes à perte de vue, on est loin du camping trois étoiles. « Beaucoup de maisons se sont écroulées lors du séisme, mais elles n’ont pas été démolies, rasées ou sécurisées, c’est un immense chantier à ciel ouvert. » Les travaux à réaliser restent colossaux, les routes sont partiellement déblayées, les amas de pierres poussés sur les bas-côtés. Face à la situation, les camps de réfugiés sont durablement installés partout où une place est disponible. « À la sortie de Port-au-Prince, la route est à double sens et les deux voies sont séparées par un terre-plein central qui est actuellement recouvert de tentes sur 500 m… »
Une situation très précaire pour 1,3 million de réfugiés, aggravée en cette période de pluies régulières et abondantes provoquant inondations et glissements de terrains pouvant entraîner des effondrements de bâtiments fragilisés par le séisme. « Les pluies violentes créent des ravines, l’eau dévale la ville avec tout ce qu’elle charrie de boues et de déchets. Malgré tout, les gens sont invraisemblablement souriants, gentils et optimistes, avec une capacité de résilience incroyable. En revanche, dans les camps de réfugiés, la situation est explosive. Hormis l’inconfort matériel, règne aussi une forte insécurité. Des groupes de protection des camps se sont formés mais demandent de l’argent. Ceux qui ne peuvent payer ne sont pas en sécurité. »
Neuf mois après le séisme, l’urgence n’est plus aussi palpable. Beaucoup d’ONG ont quitté Haïti, mais d’autres restent actives. « Nous travaillons avec Médecins du Monde par exemple, qui soutient des centres de santé, des dispensaires et des hôpitaux et nous intervenons sur la gestion des médicaments. Jusqu’à maintenant, l’accès aux médicaments est assuré par leur gratuité dans le secteur public, mais pas la disponibilité. C’est le problème des dons de médicaments : nous avons un surstockage de médicaments non utiles et une sous-disponibilité des produits utiles. »
Anticiper et prévoir.
Christophe Luyckx a pu constater l’avancement du programme de PAH à Petit Goâve : la remise en fonctionnement du dépôt de médicaments desservant environ 25 centres de santé et deux hôpitaux, couvrant une population de 300 000 personnes. « Le programme a été lancé en juillet avec deux pharmaciens et une administratrice financière. D’abord concentrés sur la réhabilitation physique du dépôt, ils sont passés à la 2e étape, à savoir s’assurer que les structures qui vont bénéficier des médicaments fonctionnent convenablement. On s’est aperçu qu’il fallait former leur personnel sur la commande de médicaments, le suivi des stocks. Il faut qu’ils sachent anticiper et prévoir les besoins. »
Deux autres missions de PAH étaient menées jusque récemment à Port-au-Prince, notamment en soutien à l’hôpital général. « L’hôpital est à reconstruire, c’est le grand projet de la France pour Haïti, mais tout cela prend du temps. Nous avons été consultés pour la partie médicaments. La subvention pour cette mission a pris fin le 31 août, nos équipes sont donc rentrées, mais nous espérons reprendre notre action. »
Par ailleurs, PAH propose des formations de pharmacien humanitaire. Une trentaine de pharmaciens vient de terminer l’apprentissage théorique, dont quinze Haïtiens qui vont maintenant découvrir le terrain. « Il y a tellement de choses à faire à Haïti que l’ensemble de PAH reste focalisé sur ce pays. Nous avons en projet de faire intervenir des pharmaciens de PAH dans des départements limitrophes de Petit Goâve pour gérer trois autres dépôts de médicaments, dans le cadre d’une collaboration avec l’OMS. »
Dans ce cadre, PAH lance un appel aux dons car la situation haïtienne est loin d’être réglée. « Nos grandes missions sont financées par de grosses structures. Celle de Petit Goâve, par exemple, est prise en charge par les Nations Unies mais ne couvre pas tout. Les dons nous permettent d’envoyer des gens sur place (frais du voyage), de faire la jonction entre deux subventions, et surtout d’évaluer les besoins et d’auditer les centres de santé et les dispensaires. » L’appel est lancé…
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