L’IDÉE de confier aux pharmaciens la réalisation de vaccinations provoque la colère des médecins et des infirmières (« le Quotidien » du 27 octobre). Toutefois, le projet n’enchante pas non plus les confrères, qui se montrent peu enthousiastes. Une majorité (54,3 %) se prononce même contre, selon notre sondage réalisé sur le site lequotidiendupharmacien.fr. La raison ? « Il y a déjà les infirmières et les médecins ! » s’exclame ainsi Karine. « Tout à fait d’accord, renchérit Hervé. Nous ne souhaitons pas que Leclerc fasse notre travail, ne faisons pas celui des autres. » « Chacun son boulot, estime également Sylvie. Nous ne sommes pas plus formés pour faire des vaccins que Leclerc pour vendre des médicaments ! » « Nous nous sommes battus pour garder notre monopole, je ne me vois pas aujourd’hui "aller manger dans la gamelle" des infirmières », indique pour sa part Françoise. « Notre métier : le médicament et rien d’autre », insiste Jean-Pierre. « Que la Sécu nous paye d’abord nos entretiens thérapeutiques ! » lance enfin François.
Jérôme ne se dit également pas prêt à réaliser des injections et invoque la prudence : « La personne sous AVK à qui on lèse un vaisseau sanguin, la personne âgée qui se présente avec une bronchite sous jacente non déclarée, sont autant de cas qui interdisent de façon temporaire la vaccination sans consultation par un médecin. » Dans ces conditions, Bernard se demande quelle sera l’incidence de cette nouvelle mission sur le montant de la cotisation de l’assurance professionnelle.
Semer la zizanie.
Pour d’autres, inutile de s’emballer, car il s’agit avant tout d’une tactique du gouvernement pour semer la zizanie entre les pharmaciens, les médecins et les infirmières. « Diviser pour régner : méfions-nous des manœuvres qui viseraient à opposer les différentes professions de santé », indique ainsi Jean-Pierre, qui se dit prêt à mettre un local à la disposition d’un infirmier pour pratiquer les vaccinations, par exemple sur deux plages horaires par semaine, afin de simplifier la vie des patients. Avis partagé par Jean-Claude qui considère que l’objectif est de faire voler en éclat la belle unité affichée dernièrement par la profession pharmaceutique pour combattre la réforme des professions réglementées, mais aussi celle trouvée avec les médecins et les infirmiers. Surtout que, fait remarquer Arnaud, c’est un vieux serpent de mer que le gouvernement ressort à la demande et qui ne passera pas. « Aucun syndicat de pharmaciens ne l’a demandé », fait-il remarquer.
Dans le rôle du pharmacien.
À l’inverse, certains confrères voient d’un bon œil cette possibilité de pratiquer des vaccinations. « Dans le cadre de mon rôle dans le monde de la santé, je me vois plus vacciner que remplir des questionnaires d’autoévaluation ou des dossiers de suivi patients qui ne seront jamais lus par personne », estime, par exemple, Thierry. Guy estime carrément que « cela est davantage de notre compétence que vendre des crèmes pour les joues ». Il ajoute : « Nous sommes les seuls à avoir une loi de répartition et resterons les seuls dans les campagnes et ferons ce que médecins et infirmiers ne pourront plus faire. » Laurent rappelle au passage que les pharmaciens, italiens, portugais, anglais, ou encore américains, vaccinent déjà. Alors, « pourquoi pas nous ? ». Hervé se dit lui aussi prêt à vacciner, mais sous réserve d’une formation diplômante. « Il faut laisser la prescription aux médecins et que l’acte de vaccination soit fait par eux ou par d’autres professionnels de santé », propose-t-il. Jean-Philippe, lui, ne se pose pas la question : « il y a belle lurette que je vaccine quand il y a nécessité. »
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