François Fillon fait la course en tête face aux autres candidats dans les intentions de vote des pharmaciens telles qu'elles apparaissent dans le sondage IFOP pour le « Quotidien ». Avec 40 % des suffrages, il devance Emmanuel Macron (27 %) et Marine Le Pen (11 %), les autres candidats étant relégués à moins de 10 % (Benoît Hamon 9 %, Nicolas Dupont Aignan 7 %, Jean-Luc Mélenchon 4 %…).
Si l'élection présidentielle de 2017 ne ressemble à aucune autre, avec son cortège de rebondissements et d'incertitudes liés aux résultats surprises des primaires de la droite et de la gauche, au renoncement du président sortant, à l'émergence de candidats non issus des grands partis de gouvernement qui font figure de favoris (Macron et Le Pen) et aux « affaires » qui ont pollué la campagne, on observe chez les pharmaciens une certaine stabilité politique. Ils choisissent le candidat de la droite dans les mêmes proportions que lors du précédent scrutin en 2012 (38 % pour Nicolas Sarkozy au 1er tour) et votent Emmanuel Macron à 27 %, exactement le même score que celui de François Bayrou la même année. Le candidat d'En Marche ! brouille certes les cartes en se revendiquant de droite et de gauche et en attirant les votes et les ralliements politiques de multiples horizons (de Madelin à Cohn Bendit, en passant par plusieurs éminents ministres de l'actuel gouvernement). Mais son positionnement politique et le soutien du président du Modem permettent néanmoins la comparaison. À noter que le « phénomène » Macron touche davantage les médecins que les pharmaciens si l'on en croit le sondage IFOP mené en parallèle pour le « Quotidien du médecin ». Le corps médical lui accorde en effet 35 % de ses intentions de vote au 1er tour (proche de Fillon à 36 %) et le préférerait même à François Fillon au second tour (52 % contre 48 %), tandis que les pharmaciens choisissent à l'inverse que le candidat LR au second tour (53 %) plutôt que le champion d'En Marche ! (47 %).
Il faut dire qu'Emmanuel Macron n'a pas laissé que de bons souvenirs aux pharmaciens. Il fut, en 2008, rapporteur de la Commission pour la libération de la croissance, présidée par Jacques Attali, dont une des mesures phares était d'ouvrir les professions réglementées, dont la pharmacie, à la concurrence. Devant la bronca des potards, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, s'empressa de retirer les pharmacies du projet. Plus tard, Emmanuel Macron a eu l'occasion d'affirmer son attachement au système de distribution du médicament tel qu'il existe en France, après la très forte mobilisation des pharmaciens le 30 septembre 2014 contre la loi qui porte son nom. Mais pour beaucoup, sa politique reste associée à une certaine idée européenne du libéralisme et de la déréglementation.
Pas de vague bleu Marine
Contrairement à un quart des Français, les pharmaciens ne voient pas l'avenir en bleu Marine ; seulement 11 % d'entre eux déclarent vouloir voter pour Marine Le Pen. La candidature FN est cependant en constante progression dans l'électorat officinal : 3 % des intentions de vote en 2007, 8 % en 2012. Autre candidat en hausse, Nicolas Dupont-Aignan passe de 1 % en 2012 à 7 % en 2017.
La gauche est, elle, en chute libre. Les candidats PS et écologistes rassemblaient 13 % des intentions de vote des pharmaciens en 2007 et atteignaient les 20 % en 2012. Benoît Hamon ne réunit plus que 9 % de leur suffrage, avec il est vrai une gauche écartelée entre le candidat issu des primaires, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.
Notez les candidats sur Internet
Les titulaires votent encore plus majoritairement pour François Fillon (44 %) que les adjoints (36 %), ces derniers votant à l'inverse plus facilement pour Emmanuel Macron (30 %) que les titulaires (25 %), voire pour Marine Le Pen (14 % contre 9 %) ou Benoît Hamon (11 % contre 7 %). Autre enseignement intéressant, le vote Fillon est proportionnel à la taille de l'officine, passant de 32 % pour les pharmacies de 0 à 2 salariés, à 54 % pour celles de 10 salariés et plus. Inversement, le vote Macron passe de 30 % pour les petites officines de moins de 2 salariés, à 16 % pour les grosses de plus de 10 salariés.
Au second tour, les pharmaciens voteraient François Fillon à 53 % en cas de duel avec Emmanuel Macron (47 %). Un résultat plus serré qu'en 2012, où Nicolas Sarkozy rassemblait 63 % du vote des pharmaciens, contre 37 % à François Hollande. À noter qu'en cas de duel entre le candidat d'En Marche ! et Marine Le Pen, le rapport de force serait de 85 % contre 15 %.
Il reste trois semaines aux onze candidats pour convaincre. Nous allons poursuivre durant cette campagne notre série d'interviews auprès de chacun d'entre eux pour connaître leur politique à l'égard de la pharmacie d'officine. Et vous pourrez donner votre avis sur notre site Internet en notant leur capacité à préserver le modèle officinal français.
* Sondage réalisé par l'IFOP pour « le Quotidien du pharmacien » du 20 au 24 mars 2017 auprès d'un échantillon de 369 pharmaciens inscrits sur les listes électorales (titulaires et adjoints), extrait d'un échantillon représentatif de 400 pharmaciens d'officine exerçant en France métropolitaine (méthode des quotas - sexe, âge, statut - après stratification par région et catégorie d'agglomération).
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