LE PARTI social démocrate (SPD), emmené par Peer Steinbruck, principal opposant à Mme Merkel, se déclare en effet clairement partisan d’une libéralisation du secteur pharmaceutique, avec la mise en place de chaînes susceptibles, selon lui, de faire diminuer les prix. De plus, les experts santé du SPD et des Verts préconisent d’autres mesures radicales qui inquiètent les pharmaciens.
Cela ne signifie pas pour autant que les pharmaciens adhèrent avec enthousiasme au programme santé de Mme Merkel et de son allié, le parti libéral (FDP), lequel détient d’ailleurs le portefeuille de la santé depuis fin 2009. En 2010, c’est un ministre libéral qui a mené un plan d’économies particulièrement rigoureux sur le médicament, avec blocage des prix, contribution exceptionnelle et ristourne obligatoire payées par les pharmaciens, les grossistes et les industriels. Cela a certes contribué à épurer les déficits de l’assurance-maladie, aujourd’hui largement excédentaire, mais le secteur de la pharmacie a été ponctionné dans des proportions bien supérieures à son poids réel dans les dépenses. Alors que le parti libéral est traditionnellement bien implanté au sein des professions de santé, nombre de pharmaciens souhaitent lui faire « payer » cette réforme particulièrement douloureuse pour eux, en votant plutôt directement pour la CDU de Mme Merkel.
Des « autobus pharmaceutiques »
Les problèmes des pharmaciens sont certes peu traités par les programmes électoraux, même si les politiques ont consacré quelques réunions à ce sujet et répondu aux invitations des pharmaciens dans plusieurs régions. Mais c’est surtout le débat, lui aussi très politique, sur les « autobus pharmaceutiques » qui a agité la profession pendant tout l’été. La CDU de Mme Merkel, ainsi que son allié bavarois la CSU, ont en effet défendu l’idée de faire circuler des pharmacies mobiles dans les zones dépourvues de pharmacies, un peu à l’image des bibliobus et autres boulangeries ambulantes. L’idée n’a pas franchement enthousiasmé les pharmaciens, y compris à la campagne, qui estiment que la désertification des zones rurales est loin d’avoir atteint des proportions justifiant la mise en place d’un tel service. Selon eux, les pharmacies existantes peuvent s’adapter pour assurer l’approvisionnement des zones les moins peuplées, et les bus auraient surtout pour effet de remettre en question leur viabilité.
Profitant de l’occasion, la pharmacie virtuelle Doc Morris, qui se remet progressivement de ses déboires dans le domaine des franchises, a d’ailleurs présenté un « bus pharmaceutique » entièrement équipé, et qui pourrait, selon elle, répondre aux besoins des régions isolées. Les patients pourraient soit commander leurs médicaments et être livrés lors de tournées, soit se rendre dans cette pharmacie roulante pour y faire honorer des ordonnances et obtenir des conseils, y compris en visio-consultation. Doc Morris a fait circuler pendant l’été un prototype de bus pharmaceutique, qui s’est arrêté dans une vingtaine de villes. Les pharmaciens de l’une d’entre elles, estimant l’opération illégale, ont poussé leur municipalité à lui refuser le droit d’y stationner. Il est vrai que le concept de bus aura besoin, s’il se concrétise, d’un certain nombre d’autorisations administratives, et se situe actuellement dans un total flou juridique. La CDU et la CSU, très enthousiastes au début de l’été sur ce nouveau concept, se montrent désormais plus prudentes sur ce système qui n’enthousiasme visiblement pas leurs électeurs… mais qui pourrait retrouver une actualité une fois les élections passées.
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