LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Dans son plan de rigueur de 54 milliards d’euros, le gouvernement Berlusconi a décidé de rehausser le montant du plafond du ticket modérateur depuis le 1er septembre. Ou en est-on ?
FRANCO CAPRINO.- Le gouvernement vient effectivement d’introduire un dispositif en ce sens. En règle générale, la situation est loin d’être fluide car le système italien n’est pas uniformisé. Chaque région module ses plafonds. Dans certaines, les patients ne payaient aucune quote-part sur les ordonnances jusqu’à l’entrée en vigueur du dispositif. Tout était gratuit, les produits princeps comme les génériques. Quatre régions se sont déjà alignées sur le dispositif. C’est le cas de la Toscane et de l’Emilie-Romagne, qui ont introduit un ticket modérateur dont le montant oscillera entre un et six euros par ordonnance. En fait, ces régions ont dérouté l’augmentation prévue sur le plafond du ticket modérateur concernant les prestations médicales sur les dépenses pharmaceutiques.
L’idée d’un ticket modérateur sur les génériques a également été évoquée il y a deux mois par le ministère de la Santé pour maîtriser les dépenses.
Depuis le mois d’avril, les assurés payent déjà une quote-part personnelle plus ou moins équivalente à 10 ou 20 centimes sur certains génériques. C’est-à-dire depuis que l’État a décidé de réduire de 40 % le montant de sa contribution. Pour aligner le prix des génériques sur la moyenne européenne, l’AIFA, l’agence italienne des médicaments, a publié au printemps dernier, une liste d’adaptation et de référence des prix des produits équivalents. Mais certains producteurs ont refusé de réajuster leurs prix. Du coup, la différence est à la charge du patient. Cette politique a porté préjudice aux pharmaciens qui avaient stocké des génériques. Du coup, les pharmaciens ont moins envie de les proposer à leur clientèle. Ce qui dans l’absolu est une erreur, le marché italien du générique étant le plus bas d’Europe.
Début septembre, le gouvernement a évoqué la fermeture des parapharmacies. Quelle est la position de Federfarma à ce propos ?
L’ouverture des parapharmacies devait déboucher sur la création de milliers d’emplois. C’était du moins la ligne soutenue par les défenseurs des parapharmacies lorsque le gouvernement Prodi a autorisé la vente de médicaments sans ordonnance (POS et OTC) dans les parapharmacies. En deux ans, quelque 2 030 nouveaux points de vente ont été ouverts. Mais la plupart sont gérés par des fils de pharmaciens qui ont créé des sociétés pour pouvoir ouvrir une parapharmacie. Du coup, il n’y a pas eu de véritable création de postes. En ce qui concerne les économies que l’État devait réaliser, là encore l’objectif n’a pas été atteint puisque l’industrie pharmaceutique a continué à faire la pluie et le beau temps en changeant les produits de catégorie et en remodelant les prix. De toutes les façons, la proposition concernant la fermeture et l’éventuelle transformation des parapharmacies en officines à travers l’achat d’une licence, dont le coût avait été hypothétiquement fixé à 300 000 euros, n’a pas été retenue par le parlement lors du vote du plan de rigueur.
Pouvez-vous dresser un bilan de santé des pharmacies en Italie ?
La situation des pharmacies est dramatique. À Rome, plusieurs officines sont en faillite. La région nous doit 500 millions d’euros. Mais nous ne pouvons ni traîner les institutions devant les tribunaux ni saisir les biens de l’État. Entre-temps, les pharmacies paient les intérêts aux banques, règlent les notes des fournisseurs et servent les patients. Nous avons les mains liées. Les données publiées par l’AIFA ont démontré que, en 2010, les officines ont maîtrisé les dépenses de santé conventionnées par rapport à l’année précédente. Durant les dix premiers mois de l’année, elles ont baissé de plus de 9 millions d’euros, soit 0,9 %, alors que le nombre global d’ordonnances a augmenté de 3,5 %. Les pharmaciens effectuent des sacrifices pour réduire les coûts et maîtriser les dépenses de santé conventionnées alors que les structures publiques dépassent régulièrement les plafonds établis pour la distribution directe de médicaments. Mais, visiblement, nous ne sommes pas assez convainquant.
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