LE TABLEAU n’est à l’avantage de personne. Ni de l’opposition qui, sous prétexte de ne rien lâcher, finit par rejoindre le camp de l’extrême droite ; ni du mouvement de Frigide Barjot, manipulé et inflitré par des forces occultes qui veulent en découdre et ont un agenda beaucoup plus large que la question du mariage ; ni la gauche au pouvoir, incapable de proposer un compromis ou des atténuations du projet de loi, parce qu’elle veut, à tout le moins, donner cet os à ronger à la gauche du PS, à Mélenchon, aux Verts et aux communistes (cela fait beacoup de monde), décus, ulcérés par un programme économique et social qu’ils jugent trop favorable aux puissances de l’argent, pas assez aux gens qui souffrent.
Pour être pertinente, l’analyse doit être réaliste. Le gouvernement dispose de la majorité absolue à l’Assemblée et l’adoption de la loi est inéluctable. La droite doit veiller à ne pas mettre en danger le fonctionnement des institutions par un comportement irresponsable dans l’hémicycle ou en dehors. Le projet n’enlève strictement rien aux hétérosexuels et le principe en vertu duquel toute liberté est permise dès lors qu’elle ne porte pas atteinte à la liberté d’un autre est parfaitement respecté. On peut toujours dire que la société française, dans une période aussi alarmante, avait besoin du mariage gay comme de sa dernière chemise. Mais le pouvoir peut répondre que, en période de vaches maigres, le luxe moral est tout aussi permis qu’en période de vaches grasses.
Le projet sera donc adopté et, comme l’a dit un élu socialiste, si la droite revient au pouvoir, elle peut toujours abroger la loi, pour autant que cela semble indispensable à cette forte moitié du peuple résolument hostile au texte, mais soutenue par une poignée de nervis plus enclins à semer la chienlit qu’à empêcher les mariages entre personnes du même sexe. On n’est pas devin, et on ne saurait prévoir ce qui se passera pendant le quinquennat suivant. On constate néanmoins que le « moi, président » qui, naguère, se posait en rassembleur, a pris le risque de creuser une nouvelle division au sein de la population. Le chef de l’État, qui a consacré sa première année de mandat à la démolition de l’héritage Sarkozy, ne semble pas deviner que son parcours ressemble à celui de son prédécesseur. Il l’a déjà battu largement en termes d’impopularité. Il allait tout faire pour réunir le peuple dans un combat au finish contre la crise, il est en train de le diviser le long d’une ligne de clivage qu’on n’aurait pas cru si profonde. Dans ces conditions, peut-il tirer un avantage du mariage pour tous ? Matraquage fiscal, hésitation à couper dans les dépenses, résultats économiques nuls au regard des efforts consentis par les Français, prévisions démenties à la vitesse de la lumière, c’est l’échec d’une politique brouillonne, d’une succession d’à-coups, de vaticinations et de brusques entousiasmes. Un échec quantifiable : la progression du chômage se poursuit. On se bat contre la loi parce qu’on est furieux contre le pouvoir.
Ressemblance.
La question ne porte donc pas sur le mariage gay, qui survivra au tollé que le projet a soulevé, mais sur les rancœurs durables qu’il risque d’entraîner. Une fois encore, la ressemblance entre les deux parcours, celui de Sarkozy et celui de Hollande, est stupéfiante. De même que l’ex-président était détesté en partie parce qu’il ne respectait pas les corps constitués, de même le président actuel subit la hargne de tous ceux à qui il impose son point de vue, au nom d’une stratégie politique que seuls ses amis partagent avec lui. On a haï M. Sarkozy pour son divorce et son heureux remariage, parce que ses affaires privées n’avaient rien à voir avec la détresse du peuple. On se dresse contre M. Hollande parce que, en définitive, on considère le mariage gay comme une diversion. Il est peu probable que son autorité soit renforcée parce qu’il a enfoncé le mariage homosexuel dans la gorge de l’opposition. Il est peu probable que sa cote de popularité s’améliore. Dans l’état de colère où se trouvent les troupes hostiles au mariage pour tous, la légitimité du président sera remise en question par l’opposition, de même que celle de Sarkozy fut niée par la gauche.
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