La plupart des observateurs se livrent à des analyses littéraires ou psychologiques sur la bataille engagée par Emmanuel Macron et la CGT. Elle apparaît effectivement comme l'affrontement de deux obstinations irréductibles. Le président et le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, estiment tous les deux qu'ils abordent un tournant historique de la vie sociale de ce pays. Le premier a décidé, de toute évidence, le lieu et la date du combat : la SNCF maintenant. Le second a en quelque sorte relevé le défi, en déclenchant chez les cheminots un soulèvement irrédentiste, en appelant d'autres corporations à manifester et à cesser le travail, en coupant le courant électrique.
M. Martinez, à l'approche des élections dans les syndicats, veut principalement réaffirmer l'hégémonie contestée de la CGT. Il veut démontrer que son syndicat domine les autres d'une tête. Il est insensible à l'état du pays tel qu'il est aujourd'hui et qui n'a rien à voir avec la France de 1968. Il voit dans l'occupation des facultés par des étudiants une similitude avec ce qui s'est produit il y a cinquante ans et se réjouit de ce cinquantième anniversaire qui tombe si bien. Il connaît l'enjeu, mais a décidé de prendre tous les risques. De son côté, le chef de l'Etat pense faire de la SNCF un test de son action politique pour toute la durée du mandat : s'il échoue, les réformes à venir, comme celle des retraites, probablement le plus gros morceau du quinquennat, n'auront pas lieu. S'il réussit, la voie sera libre, le syndicalisme durablement discrédité, les changements apparaîtront et l'opinion publique finira par s'en rendre compte.
Sur le chemin qui conduit aux lendemains radieux du macronisme, il y a un sas où le président, son gouvernement, le régime peut-être, risquent de suffoquer : la conjonction des mécontentements, depuis les retraités (quinze millions de personnes) jusqu'aux cheminots, a fait brutalement chuter la popularité d'un président qui a été porté avec enthousiasme sur les fonts baptismaux. M. Macron se débat comme un beau diable qui va à la télévision tancer des journalistes au moins aussi arrogants que lui et dans les villages sermonner un public qui, littéralement, le menace. Si cet avril 2018 ressemble à mai 1968, c'est dans la destruction systématique des tabous qui permettaient aux élus de parler depuis leur chaire, aux présidents de prendre de la hauteur par rapport à leurs interlocuteurs, aux majorités de la Vè République de dominer les débats nationaux. Il ne reste rien du respect dû au président. Vilipendé par les foules, traité sans ménagements par ses interlocuteurs, accablé d'accusations par des oppositions aux arguments contradictoires, il baigne pratiquement dans l'hostilité.
Duel ou révolution ?
Ce ne serait donc qu'un mauvais moment à passer ? Ceux de nos concitoyens qui croient au rebond de l'économie, au dynamisme industriel retrouvé, à la création incontestable de nombreux emplois, craignent que le renouveau soit balayé par une crise énorme qui, si l'on veut bien y regarder de plus près, relève plus du duel que d'une révolte nationale. On ne peut ni sous-estimer ni minimiser les difficultés que rencontrent les classes moyenne et pauvre. On ne peut nier l'état des EHPAD et des hôpitaux. On peut encore moins négliger l'angoisse d'une jeunesse pour qui l'insertion dans le monde du travail est infiniment plus compliquée qu'il y a vingt ou trente ans. Mais, par ailleurs, Emmanuel Macron est porteur d'un grand dessein. Certes, il est parfois difficile d'en discerner la cohérence, mais, après tout, il n'y a pas un an qu'il est arrivé à l'Elysée. Trop « dominateur et sûr de lui » ? Sans doute. La question, toutefois, ne porte jamais sur le caractère d'un président. Elle a trait à son programme. Il va plus vite que l'éclair mais il a à peine commencé son travail.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion