Alors que les nouveautés françaises programmées en janvier et février ont augmenté de 9,4 % par rapport à l’hiver dernier, les premiers romans sont passés de 73 à 66 : plutôt que de mettre sur le marché des noms nouveaux, les éditeurs ont préféré donner la possibilité à leurs poulains de confirmer leur talent avec un deuxième roman ; tout en gardant leur porte ouverte à des Anciens.
Né en 1951, condamné à 18 ans à six ans de prison pour braquage, Nan Aurousseau s’est fait connaître en 2005 en publiant « Bleu de chauffe ». Six romans plus tard, avec « Des coccinelles dans des noyaux de cerise » (Buchet-Chastel), il dresse le portrait fascinant d’un meurtrier hors du commun, après que François, un escroc minable, croise la route de Mehdi, un caïd qui n’a pour lui que mépris.
Dans « Cap Kalafatis » (Grasset), Patrick Besson nous entraîne sur une plage de l’île de Mykonos, où se noue un étrange trio : un étudiant, une jeune fille apparemment seule et un véliplanchiste quinquagénaire de 90 kg.
Fidèle à son rendez-vous annuel, Philippe Besson innove en se lançant dans l’autofiction. Dans « Arrête avec tes mensonges » (Julliard), il évoque la rencontre, vingt-cinq ans auparavant, de deux adolescents : l’un, plutôt timide et fils d’instituteur, l’autre, enfant de paysans, charismatique et mystérieux.
Prix Médicis 1985 pour « Naissance d’une passion », Michel Braudeau se retourne sur son passé lorsque, après avoir publié son premier roman à la fin des années 1960, il s’installe « Place des Vosges » (Seuil) et s’interroge sur le futur de son œuvre.
Auteur de 25 romans et d’une dizaine d’essais, prix des libraires pour « Abraham de Brooklyn » et prix Goncourt pour « John l’Enfer », Didier Decoin nous plonge, avec « le Bureau des jardins et des étangs » (Stock), dans le Japon de l’an Mille, pour un voyage initiatique sensuel et effrayant en compagnie de la ravissante veuve d’un pêcheur qui se confronte à la ville.
Après une incursion dans la nouvelle (« les Quatre saisons de l’été »), Grégoire Delacourt, l’auteur du best-seller « la Liste de mes envies », illustre, dans « Danser au bord de l’abîme » (JC Lattès), l’urgence de vivre l’instant présent et la toute-puissance du désir. Cela à travers l’histoire d’une femme qui quitte mari et enfants pour s’enfuir avec un homme qu’elle connaît à peine.
Les « Trois ex » (Actes Sud) qu’évoque Régine Detambel sont les trois épouses de l’écrivain August Strindberg. Ces trois échecs conjugaux sont l’occasion pour l’auteure de porter un regard sans concession sur les rapports entre les sexes dans la Suède en pleine transformation du XIXe siècle.
Prix Médicis (« Porporino ou les mystères de Naples ») et Goncourt (« Dans la main de l’ange »), l’Académicien Dominique Fernandez ajoute une nouvelle pierre à son œuvre riche d’une bonne cinquantaine d’ouvrages. Dans « la Société du mystère » (Grasset), il ressuscite la vie du peintre officiel des Médicis, le Bronzino, à travers ses mémoires.
La saga Malaussène continue ! Trente-deux ans après « Au bonheur des ogres », qui a inauguré la série, et 18 ans après le septième opus, « Aux fruits de la passion », Daniel Pennac (prix Renaudot en 2007 pour son roman autobiographique « Chagrin d’école ») fait revivre son célèbre personnage dans « le Cas Malaussène. 1. Ils m’ont menti » (Gallimard), un premier tome qui appelle donc une suite.
En enquêtant sur l’homme qu’elle a aimé et qui a disparu (un Argentin qui, dans les années 1980, s’est réfugié à Paris pour échapper à la dictature), une femme est renvoyée à sa propre histoire familiale. « Théa » (Julliard), de Mazarine Pingeot, est un roman d’apprentissage qui explore la découverte de l’amour et de l’horreur du monde.
Également au rendez-vous de la rentrée, l’académicien Jean-Marie Rouart met en scène, dans « Une jeunesse perdue » (Gallimard), un séducteur sur le déclin qui retrouve l’envie de plaire avec la jeune Veronica ; lorsque sa femme apprend sa liaison, elle demande le divorce et il découvre que sa maîtresse n’en voulait qu’à son argent.
180 romans et nouvelles traduites
La littérature étrangère s’impose avec un nombre de romans traduits en hausse de plus de 7 % par rapport à 2016, une cuvée riche d’une bonne vingtaine de premiers romans. Si les vedettes ici non plus n’écrasent pas la production, des auteurs retiennent l’attention.
Au premier chef, la romancière turque Asli Erdogan, qui a été arrêtée à la suite de la tentative de coup d’État de juillet pour avoir écrit dans un journal prokurde et dénoncé les atteintes à la liberté d’opinion. Elle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire après 136 jours d’emprisonnement mais elle risque de deux ans et demi de détention à la perpétuité. Son éditeur a rassemblé, sous le titre « le Silence même n’est plus à toi » (Actes Sud), une trentaine des chroniques qui lui ont valu l’accusation d’« appartenance à une organisation terroriste ».
Le cas d’Elena Ferrante est intrigant. Parce qu’on ne connaît pas la véritable identité de cette auteure qui publie sous pseudonyme depuis 1992 et parce que sa série parue en 2011 et traduite sous le titre de « l’Amie prodigieuse », a déjà été vendue à 5 millions d’exemplaires dans 40 pays. Le volume III de la saga, « Celle qui fuit et celle qui reste » (Gallimard), se situe à la fin des années 1960 et développe les relations faites d’amour et de haine entre Elena et Lila.
En 1929, les éditions Stock avaient traduit le célèbre roman pacifiste d’Erich Maria Remarque sur la Première Guerre mondiale, « À l’ouest rien de nouveau », devenu aussitôt un best-seller mondial et adapté au cinéma mais brûlé lors des autodafés de 1933 par les Nazis. Aujourd’hui, le même éditeur publie un inédit de l’écrivain allemand naturalisé américain, « Cette terre promise », un roman sur l’exil en 1944, entre promesses d’une nouvelle vie, précarité quotidienne et souvenir.
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