Monsieur le Président du Conseil national, Messieurs les Présidents des Conseils Centraux A, D et E,
Je viens de recevoir les documents de la campagne de promotion du DP réalisée par le Conseil de l'Ordre. Mais, bien qu'utilisateur du DP, je ne participerai pas à cette campagne et je tiens à vous exposer pourquoi.
En effet, dès lors que l'ensemble des officines n'est pas à même de proposer le DP, toute campagne grand public peut conduire certains patients sensibilisés par la campagne à se détourner de leur officine habituelle si cette dernière ne le propose pas.
La communication vers le grand public risque donc de favoriser le nomadisme des patients et, par là même, de dégrader leur suivi pharmaceutique. Le DP, même systématiquement utilisé, ne constituant qu’un palliatif aux inconvénients de ce nomadisme.
Il faut souligner qu'un des attraits majeurs du DP, suivant la déclaration des patients dans la presse grand public, est justement de pouvoir totalement s'exonérer de la fidélité à une seule officine. Certains patients expriment l'illusion naïve que le DP donne à tous les pharmaciens une connaissance parfaite de leur cas.
Le mythe de l'ordinateur omniscient n'est pas près de disparaître dans l'esprit du public, en dépit d'une information rigoureuse. Prenons garde à ne pas renforcer ce mythe.
Enfin, cette opération de presse est prématurée du simple point de vue de l'efficacité des sommes engagées, puisque les patients ne trouveront de satisfaction immédiate de leur curiosité que dans moins d'une pharmacie sur deux.
Mais, tout autant que la campagne de presse, le contenu des documents à afficher est regrettable. En particulier le macaron recto verso destiné à la vitrine des pharmacies équipées du DP. Avec ce macaron, nous ouvrons un registre délicat car, en arborant l'accroche "Pharmacie équipée", ce macaron donne un fort relent de commercialisme à ce qui ne devrait être qu'une campagne d'information sur le DP.
Mon intention, croyez-le bien, n'est pas de faire le procès du DP, que j'ai veillé à installer aussitôt que je l'ai pu dans mon officine et que je préconise autant de fois que possible. Néanmoins je crois qu'il n'est pas bon de survaloriser le DP qui n'est, en l'état actuel, qu'un accessoire. Un accessoire qui peut, certes, s'avérer utile en quelques occasions (gardes), mais que l'on peut avantageusement suppléer la plupart du temps par une recherche directe d'informations auprès du patient, de son entourage, du médecin, du pharmacien habituel. Un accessoire dont l'installation sur l'informatique officinale ne garantit pas son utilisation. Un accessoire qui n'apporte pas de certitude quant à la qualité des actes pratiqués dans l'officine. Un accessoire qui pose encore des problèmes d'installation ou de fonctionnement qui ne dépendent pas du pharmacien.
Or ce macaron de vitrine tend à faire accroire que le DP est un avantage que le patient est susceptible de devoir rechercher. Est-ce aussi pour pousser indirectement nos confrères à adopter le DP ?
Quoi qu’il en soit le résultat est là : par un tel message, le Conseil de l'Ordre fait la promotion d'un sous-réseau d'officines. Le Conseil de l'Ordre se place ainsi à contre-pied de sa mission : comment condamner ensuite la promotion réalisée par des enseignes aux visées commerciales qui se glorifient de critères de qualité dont la pertinence n'est pas plus contestable qu'un simple équipement pour le DP ?
C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir faire cesser la diffusion du macaron "pharmacie équipée" et de différer cette opération de communication jusqu'au plein équipement des officines françaises.
Oui au DP, non à la publicité pour les pharmacies proposant le DP.
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