Ce phénomène politique à peine vraisemblable suffit à expliquer qu'on n'adhère pas à l'Europe sans l'aimer un peu. Elle n'est pas seulement, comme l'ont cru les Anglais, prodigue de faveurs, d'avantages commerciaux et de prospérité, elle réclame des concessions, des compromis entre États-membres et la recherche d'accords gagnants-gagnants. Pour des raisons de popularité personnelle, Theresa May, Première ministre, n'a jamais su expliquer, ni aux membres de son parti conservateur, ni au peuple britannique que l'adhésion du Royaume-Uni, loin d'affablir la souveraineté du pays, s'inscrivait dans une histoire dont le grand exploit a été la résistance au nazisme. Avec le Brexit party de Nigel Farage, devenu tout à coup le premier parti politique en Grande-Bretagne, au détriment des tories et des travaillistes, tout aura été fait pour gonfler les forces les plus obscurantistes.
On est loin de Churchill et pourtant son génie aurait pu inspirer plus d'un de ses successeurs. Pour tenir le cap, et pour éviter cette séquence de la division, de l'obstination des élus conservateurs, de la haine entre élus, il fallait chaque fois rappeler à la Chambre des Communes que l'enjeu du débat sur l'appartenance de la Grande-Bretagne à l'Europe, c'est l'avenir de la démocratie dans le monde. Il fallait rappeler que l'Angleterre n'est grande que dans la lutte contre le totalitarisme et que ce qu'elle a accompli pendant la Seconde Guerre mondiale annonçait ce qu'elle devait faire pour empêcher le Brexit.
Au terme de la rude bataille que Mme May, qui démissionnera cette semaine, a été contrainte par les circonstances d'engager, non seulement contre l'opposition mais contre ses amis tories, on a pu voir clairement que ce qui intéresse nombre de députés anglais, ce n'est pas l'intérêt bien compris de leur pays, ce n'est pas sa place dans le monde, ce n'est, en définitive, même pas l'espoir d'enrichir leur pays, c'est de s'opposer à tout, y compris le projet le plus raisonnable. Certes, il ne suffisait pas de chercher une solution moyenne : encore la semaine dernière Mme May a proposé toutes sortes d'hypothèses, le Brexit ou le maintien dans l'Union et même un nouveau référendum, ce qui a fait hurler les Brexiters. Elle devait, quitte à être incinérée par le débat, choisir son camp dès le début. Elle a cru pouvoir jouer le rôle du médiateur, cela ne lui a pas porté bonheur.
L'Europe de la paix
En Grande-Bretagne, en France et dans le reste de l'Union européenne, les gens votent pour les extrêmes parce qu'on leur a dit qu'il y avait une alternative à la démocrattie parlementaire, qu'un pouvoir à poigne règlerait leurs problèmes, que « l'illibéralisme », produit des résultats supérieurs à ceux de l'économie de marché. C'est faux bien sûr et le pire, dans l'affaire, est que Nigel Farage triomphe aujourd'hui malgré tous les mensonges qu'il a prononcés pendant la campagne du référendum en 2016. Non seulement il a quitté l'UKIP pour fonder un autre parti, mais il revient indemne dans une course politique pendant laquelle il n'a cessé de tromper le public. Les menteurs professionnels de la politique ont beaucoup de chance parce que la majorité de l'électorat croit très souvent en une promesse qui n'a pas encore été exécutée. Il est toujours plus agréable de rêver à des jours meilleurs, d'ignorer les précédents historiques, de pardonner à un satrape ses fausses nouvelles, ses manipulations et ses inventions que d'admettre enfin que, pour améliorer le monde, il faut du temps.
L'expérience démontre que l'avènement d'un pouvoir arbitraire, fondé sur une irrréversible délégation de pouvoirs, est totalement nocive, qu'elle est liberticide, qu'elle désespère les peuples rapidement, qu'ils finissent, tôt ou tard, par s'insurger contre elle. Les Européens n'ont pas besoin de se battre, mais de s'entendre, pas seulement besoin de pain et de jeux, mais d'espoir. L'Europe, avec ses imperfections d'aujourd'hui, qui nécessitent une réforme, représente déjà un progrès formidable parce qu'elle assure la paix.
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