L’expérimentation sur le cannabis thérapeutique va être lancée en 2020, sous l’égide de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et elle devrait durer de 1 à 2 ans.
Avant de finaliser le projet, un Comité scientifique et technique de l’ANSM a auditionné les ordres professionnels et les associations de patients, mercredi 26 juin, qui ont exprimé, dans l’ensemble, leur satisfaction. À l’issue de ces auditions, le comité de l’ANSM se réunira à huis clos afin de finaliser le projet.
Pas de cannabis fumé
Dans les grandes lignes, ce projet prévoit la mise à disposition de plusieurs préparations de cannabis ou d’extraits à spectre complet. Il y aura « des médicaments à effet immédiat, qui se présenteront sous forme sublinguale ou inhalée (huiles et fleurs séchées pour vaporisation). Et des médicaments à effet prolongé, qui se présenteront sous forme orale (solution buvable et capsule d’huile) », détaille l’ANSM. En revanche aucune forme fumée ne sera proposée. De plus, ces préparations devront respecter des ratios de tétrahydrocannabinol/cannabidiol précis (ratio THC/CBD de 1/1, 1/20, 1/50, 5/20 et 20/1).
Cette large palette de dosage va permettre de « commencer très bas et d'augmenter très progressivement pour atteindre la dose minimale efficace », avance le Dr Jean-Michel Delile, président de la Fédération Addiction, qui ajoute que, « en cas de titration trop rapide, les effets indésirables (somnolence, sédation, ralentissement, crise d'angoisse…) sont tels chez la plupart des patients que cela entraîne des interruptions prématurées de traitement ». Pour Jean-Michel Delile, « l'avantage du cannabis thérapeutique, comparé aux spécialités déjà sur le marché, est que l'on peut utiliser, de manière combinée et à des dosages variables, des principes actifs essentiels, comme le THC qui est responsable des addictions, mais aussi le CBD. Par exemple : des associations à dominante THC pourraient être intéressantes dans le traitement des troubles spastiques, comme la sclérose en plaques, alors que des associations à dominante CBD pourraient être particulièrement utiles dans le traitement de certaines formes d'épilepsies pédiatriques ».
Cinq indications
Dans le projet, cinq indications ont été retenues pour l’expérimentation : les douleurs neuropathiques réfractaires, certaines épilepsies sévères et pharmacorésistantes, les soins de support en oncologie, les situations palliatives, la spasticité douloureuse (dues à une sclérose en plaques ou à une autre pathologie du SNC).
En pratique, seuls les médecins spécialistes dans les 5 indications retenues, et appartenant à des centres de références pluridisciplinaires, pourront prescrire initialement ce cannabis thérapeutique. Leur participation se fera sur la base du volontariat, et après une formation obligatoire. La dispensation se fera alors en pharmacie à usage intérieur. Ensuite, une fois le patient stabilisé, un relais sera possible en médecine de ville par le médecin traitant, après accord préalable entre les deux médecins. La dispensation sera alors possible en officine (via une rétrocession par la PUI), quel que soit le prescripteur.
Impliquer plus tôt l'officine
Toutefois, l’Ordre des pharmaciens a préconisé, dans une lettre adressée le 26 juin au comité de l’ANSM, que « les officinaux puissent intervenir dès le début de la prise en charge, pour un meilleur suivi des patients ». Pour l’Ordre, « le morcellement de la dispensation en fonction de la stabilisation du traitement ne favorise pas une prise en charge optimale, continue et de proximité ». Ainsi, il pourrait y avoir deux circuits de dispensation de cannabis thérapeutique : l’un délivré par les PUI pour un usage uniquement hospitalier, et l’autre en officine pour la dispensation en ville. L’Ordre souhaite également que les pharmaciens aient accès au registre national de suivi des patients et que soit mise en place une plateforme, comme celle de l’expérimentation de la vaccination, permettant aux pharmaciens de s’assurer de la validité de la prescription, de renseigner le suivi du patient, etc.
De son côté, l’Ordre national des médecins propose que « les praticiens de ville soient impliqués dans la prescription initiale, dès lors qu’il existe une formation et un registre sécurisé, et compte tenu de la démographie médicale et des délais d’accès aux consultations spécialisées ».
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