1999 N’ÉTAIT PAS seulement l’année du changement pour les pharmaciens, mais aussi les prémisses d’une décennie de remises en cause. Droit de substitution, suppression des créations d’officines par voie dérogatoire et relèvement des seuils de population, les pharmaciens se sont retrouvés sur le devant de la scène, ballottés par des vents contraires puissants. En particulier, les années 2007 et 2008 ont mis à jour des changements climatiques de taille sur leur économie. Nombre d’officines qui commence à baisser, chiffre d’affaires global et par officine stationnaire, marge en décroissance… La crise économique mondiale a influé indirectement sur la pharmacie française, mais avant cela, des attaques diluviennes n’ont pas manqué de déstabiliser l’ordre établi. De l’hiver 2007 au cœur de l’été 2008, se succèdent des rapports à charge : Beigbeider, Attali, Rochefort, Jégou. À l’automne, c’est au tour de la Cour des Comptes de tirer sur l’ambulance. Parallèlement, la Commission européenne se fait menaçante à l’égard de l’organisation officinale de plusieurs pays, dont la France. Les trois piliers de l’officine - monopole pharmaceutique, détention du capital, maillage territorial - sortent finalement confortés de cet orage.
Stagnation du marché.
L’économie de l’officine n’est pas sortie d’affaires pour autant. La baisse du taux de marge enregistré sur leur ensemble, quelle que soit leur taille, le prouve. Elles subissent un marché stagnant aussi bien pour les médicaments que les produits sans AMM (+0,2 % en chiffre d’affaires selon les données IMS en cumul mobile annuel à fin août 2009).
De même, l’économiste Claude Le Pen met en évidence le « ralentissement tendanciel des dépenses de médicaments du régime général », dont le taux de croissance ne cesse de s’amoindrir depuis 2000. Il est ainsi passé de 8,8 % à 0,9 % entre 2000-2001 et 2005-2006, année du plan Médicament et de ses importants déremboursements. Si la croissance est logiquement de retour en 2006-2007, avec un taux de 4,8 %, elle chute à nouveau chaque année pour s’afficher à 1,4 % en 2008-2009. « La stagnation du marché est partiellement due à celle des visites chez le généraliste au profit des consultations à l’hôpital, vu comme un dispensaire gratuit ouvert 24 heures/24. De plus, la délivrance moyenne par prescription décroît. Est-ce un effet de la maîtrise médicalisée ? Sans doute. Un effet des franchises médicales ? Je ne pense pas, mais il n’existe pas d’études sérieuses à ce jour sur le sujet », poursuit Claude Le Pen.
L’économiste de la santé pointe du doigt la première baisse des ventes tous produits confondus en 2008. Malgré une chute en volume de 3,5 % et en valeur de 0,02 %, « le médicament reste pourvoyeur d’économies de poche, même en période de ralentissement ».
Effet décevant.
La loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2009 a ainsi baissé le prix de médicaments brevetés et créé une convergence des prix sur des classes homogènes, multiplié les baisses de prix des génériques, revu et corrigé les marges de distribution du médicament de ville et de rétrocession et développé l’utilisation des grands conditionnements. Le projet de loi pour 2010 (PLFSS) prévoit à nouveau des baisses de prix sur les médicaments princeps et génériques, la baisse du taux de remboursement de 88 médicaments de 35 à 15 %, et le passage de 22 produits en SMRI ou service médical rendu insuffisant. En outre, l’expérimentation de l’intégration des médicaments dans le forfait des EHPAD (Établissement d’hébergement de personnes âgées dépendantes) devrait encore alourdir la note. Depuis 2007, les effets liés au développement des produits innovants, des grands conditionnements et des associations à doses fixes s’amplifient et s’ajoutent à une politique générique moins avantageuse et au poids croissant des prescriptions hospitalières (et des médecins spécialistes) au détriment des généralistes.
L’autorisation du libre accès, en juillet 2008, n’a pas engendré d’éclaircies sur le climat pharmaceutique. « L’effet est décevant. Environ 40 % des officines ont plus ou moins mis en place le libre accès, mais cela entraîne peu d’effets, que ce soit sur le volume des ventes ou la baisse des prix qui se situe entre -1 et -5 %. Conclusion, un chiffre d’affaires stagnant multiplié par une marge en décroissance donne un revenu brut de distribution en baisse », souligne Claude Le Pen.
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