Parler d’une seule et même voix. Lasse de ne pas être entendue par les pouvoirs publics, la profession a décidé de serrer les rangs. Lancée à l’initiative de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), une grande réunion a eu lieu la semaine dernière dans les locaux du syndicat présidé par Gilles Bonnefond.
L’objectif : mettre sur pied une série d’actions d’ici à la présentation du budget de la Sécurité sociale pour 2017 cet automne. Les représentants des syndicats d’officinaux, de l’Ordre, des étudiants et des groupements « ont décidé de construire un programme commun autour de revendications fortes indispensables pour l’avenir de la pharmacie d’officine », indique la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « L’important pour nous est que tout le monde soit autour de la table », souligne son président, Philippe Gaertner.
L’heure est grave. Tandis que la dégradation économique s’accélère, les baisses de prix ne semblent pas près de ralentir. Et aucune perspective d’évolution ne se dessine. « Il n’y aura pas de pause sur les baisses de prix, le décret sur les services et le débat sur les biosimilaires sont au point mort, déplore Gilles Bonnefond. Notre profession est écartée et méprisée. » Le constat est partagé par tous les participants de la réunion : l’officine va mal. Et les difficultés économiques conduisent parfois à des drames personnels (voir ci-dessous). « Sur les quatre premiers mois de l’année, la rémunération totale HT sur le médicament remboursable (honoraires compris) recule de 2,04 % par rapport à 2015, et le chiffre d’affaires (CA) diminue de 0,96 % », indique le président de l’USPO.
Les élus alertés
Dans ce contexte, les représentants de la profession ont donc décidé de se mobiliser. Un document sera adressé dès la semaine prochaine au gouvernement, mais aussi aux élus locaux pour les alerter sur les menaces qui planent sur le réseau officinal. « Les députés, les sénateurs et les maires doivent savoir que la pharmacie est en danger et que l'offre pharmaceutique risque d’être remise en cause en raison d’une absence d’écoute et d’attention du ministère de la Santé qui considère que la pharmacie va bien », explique Gilles Bonnefond.
C’est aussi ce qui avait agacé l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) à l’issue du dernier comité de liaison officine réunissant le ministère de la Santé, l’assurance maladie et les syndicats d’officinaux. « La baisse de la rémunération des pharmaciens (marge et honoraires) sur l’année 2015 est de 2,1 %, mais l’assurance maladie continue d’affirmer que la baisse réelle n’est que de 0,5 % car elle intègre dans ses calculs les remises génériques et le CICE* », indiquait l’organisation. L’UNPF ajoute : « Concernant les remises génériques, elle part du principe que 80 % des pharmacies bénéficient de 40 % de remises sur l’ensemble des médicaments génériques, ce qui est loin de la réalité. »
Un plan de riposte
Pour Gilles Bonnefond, la position du ministère à l’égard de la profession est « insupportable » alors même que les pharmaciens d’officine sont présents sur l’ensemble du territoire, qu’ils pratiquent le tiers payant depuis très longtemps et qu’ils permettent l’accès de tous les médicaments à l’ensemble des patients. Le président de l’USPO s'interroge : « Serait-on en train de programmer la mort d’un grand nombre de pharmacies ? Si c’est le cas, on ne se laissera pas faire. » L’ensemble de la profession a d’ores et déjà prévu de se réunir pour préparer la suite. Il s’agit d’établir un plan dont les actions pourraient être graduelles d’ici à la rentrée. « Si la ministre ne réagit pas, on actionnera notre plan de riposte », prévient le président de l’USPO. « L’absence de réponse des pouvoirs publics entraînera la mise en place d’un plan d’action », confirme la FSPF.
*Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.
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