On peut toujours se demander s'il n'était pas préférable de supprimer l'impôt sur la fortune, par exemple en augmentant la franchise avant impôt à un et demi ou deux millions d'euros, pour ne pas pénaliser la classe moyenne supérieure. Ou si la hausse d'un point de la TVA n'aurait pas été plus judicieuse que l'augmentation de 1,7 % de la CSG, y compris pour les retraités qui, aujourd'hui, sont vent debout et ne se calment guère. Ou si la hausse des taxes sur le carburant, qui s'ajoute à celle des prix, rendant le coût de l'essence presque inabordable, aurait dû être différée ou oubliée, même si l'un des objectifs est de réduire la pollution. Il demeure que toutes les décisions du gouvernement entrent dans le cadre d'une réforme qui a l'architecture d'une cathédrale : non seulement elle concerne tous les secteurs d'activité, non seulement elle recherche une amélioration de l'emploi, non seulement elle ne produira d'effets positifs qu'à long terme, mais elle est permanente. Il ne s'agit pas de réformer et de se rendormir. Il faudra sur le métier remettre l'ouvrage car le monde va si vite que les réformes d'hier se transformeront en scléroses de demain. Voilà ce que M. Macron a compris et qu'il essaie, maladroitement il est vrai, de nous faire comprendre.
Son analyse étant exacte, son action ne peut être que pénalisante ; il demande à ses concitoyens de prendre leur part des sacrifices. Beaucoup des victimes de la réforme répondent inlassablement qu'il ne fallait pas les viser, eux, mais atteindre les autres, les riches dont Macron serait le président. En temps de paix, il existera toujours un vif mécontentement social. Les Français ne se plaignent pas d'être pauvres, mais d'être plus pauvres que d'autres Français. L'herbe est toujours plus grasse chez les voisins.
Un conflit durable
Le conflit est donc appelé à durer bien plus longtemps qu'un ou deux mandats présidentiels. Il est difficile de croire que, dans ces conditions de réforme à marche forcée, le chef de l'Etat pourra reconquérir sa popularité. Ce n'est d'ailleurs pas ce qui doit nous intéresser. La question ne porte pas sur la longévité politique de Macron. Elle porte sur le redressement du pays. Nous assistons encore à des fermetures d'usine, nous voyons encore des ouvriers jetés au chômage, et c'est un crève-cœur. Mais nous commençons à nous réindustrialiser dans des secteurs innovants. Contrairement à la sinistrose ambiante, l'espoir d'un renouveau est possible, il correspond à une réalité. Le rôle du gouvernement, c'est d'accompagner le changement de manière à ce qu'il fasse le moins de dégâts possibles.
Dans la réforme, il y a tout, le budget, l'immigration, les territoires, la sécurité, la santé, l'Europe, le pouvoir d'achat, le coût de la vie. Le président de la République a braqué les élus locaux comme aucun président avant lui ; ses dernières dispositions budgétaires, destinées à renforcer le pouvoir d'achat des foyers les plus fragiles, valent ce qu'elles valent et, en tout cas, n'ont pas convaincu ses concitoyens. Mais tout, à commencer par l'éducation, ne va pas forcément mal. Et si le président peine à nous expliquer la cohérence des mesures qu'il prend, un jour viendra peut-être où nous commencerons à comprendre le tableau un peu hermétique qu'il est en train de peindre. On devine néanmoins que dans l'ambiance parfois excessivement bruyante, presque maladive où se déroule l'action politique, les arguments ne manqueront jamais à qui fait métier de critiquer l'exécutif. La presse et l'opposition sont les gardiens de la démocratie et il est indispensable qu'un miroir soit constamment tenu devant le pouvoir pour qu'il puisse voir ses fautes. La preuve : M. Macron a admis ses erreurs mardi dernier. Reste à savoir s'il peut retrouver l'élan réformiste apporté par son élection à la présidence de la République.
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