Imprévue, la victoire d'Emmanuel Macron représente beaucoup plus que l'élection d'un nouveau président. Quoi qu'en disent ses détracteurs, il s'agit surtout d'un changement durable dans la façon de faire de la politique, de gérer un Etat, de nouer le dialogue avec l'électeur, de créer un parti avec les effectifs des autres partis, de mettre en place une technique de gouvernement transversale qui transcende les attitudes traditionnelles, les clivages coutumiers, les rapports sociaux.
Quand M. Macron s'est déclaré candidat, on n'a vu en lui qu'un « feu de paille » ; quand il a été élu, on n'a pas cru qu'il aurait une majorité ; quand il a eu la majorité absolue, on lui a promis un automne catastrophique. Et, pourtant, comme dirait Galilée, il tourne. Le nouveau président n'a pas chômé. Il a lancé diverses réformes, dont celle du travail, et s'engage dans de nouvelles « transformations ». Il a adopté des positions diplomatiques saluées dans le monde entier. La croissance revient, les créations d'emplois se multiplient, et non seulement M. Macron est toujours à la barre, mais sa cote de popularité remonte avec une vivacité qu'on n'a jamais observée après six mois de mandat.
Le bal européen
Avec le Brexit et tant que dure la crise politique allemande (trois mois de discussion sans qu'un gouvernement ait été formé), le président français mène le bal européen. Il n'est pas seulement compétent et souvent efficace, il a de la chance. Il est, pour les Européens et pour d'autres peuples, l'équilibre rêvé entre la démagogie poutinienne, la paralysie de l'éléphant allemand, la dérive ubuesque de Trump. On ne doit pas nier le courage de M. Macron qui n'hésite jamais à affronter des gens en colère et des chefs d'Etat ou de gouvernement qui se situent à l'opposé de ce que préconise le gouvernement français. Il voit Trump, il lui parle, il lui répète à satiété les erreurs qu'il commet et les risques qu'il prend.
Nous serions fous de croire qu'il peut changer ses homologues ou remettre le monde dans le droit chemin. Mais il nous prouve tous les jours que, contre le désespoir, il n'est qu'un remède : l'entêtement. S'il ne réussit pas, il essaie. Il a tiré le Premier ministre libanais de sa cage dorée en Arabie. Il a relancé la bataille contre le réchauffement climatique. Il a demandé au chef du gouvernement israélien de « donner une chance à la paix ». Il a déclaré devant Poutine que certains organes de presse russes ne sont que des officines pour la propagande de Moscou. Il a osé dire aux Africains qu'ils ne doivent pas faire trop d'enfants. Et il a proposé à Trump une autre perspective : « Make the planet great again ».
Contrairement à ce que croient beaucoup de Français qui critiquent, dénoncent, vitupèrent l'action du gouvernement, M. Macron représente une ère qui commence au moment même où le monde s'enfonce dans les affres ante mortem de sa disparition. D'aucuns, qui sont trop attachés à leur idéologie ou à leurs habitudes, refusent son leadership et c'est leur droit. Mais il ne peut pas avoir tout à fait tort quand il annonce la fin du clivage gauche-droite et ceux qui militent pour un retour au passé récent devraient se demander si leur vœu peut être exaucé. Jean-Luc Mélenchon doit se poser la question de l'opéra bouffes où il nous invite presque chaque jour alors que l'action se situe ailleurs que sur les tréteaux et Laurent Wauquiez doit se demander si l'environnement qu'il tente de reconstruire sera viable l'année prochaine.
Voter non.
De toute façon, l'avenir est toujours un peu moins sombre que ce que l'on craint. Personne, même pas Kim Jong-un et même pas Trump, ne veut d'une guerre entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. La bataille pour le climat est mal engagée, mais pas encore perdue. L'Allemagne finira par se trouver un gouvernement. Le Brexit coûtera un bras aux Anglais mais ils s'y feront. Dans moins de six mois, l'Allemagne et la France auront engagé la refondation de l'Europe.
Il reste Trump. Il a le temps, dans les trois ans de mandat qui lui restent, de détruire, diviser, démoraliser l'Amérique. Mais l'expérience de ses onze premiers mois a démontré qu'il fonctionne comme un séisme : au tremblement de terre qu'il a provoqué répond le tsunami d'une opposition qui se cherche dans un brouillard de traditions politiques soumettant toute révolte à la puissance des institutions. C'est justement sur le plan institutionnel qu'il faut le combattre. L'élection d'un démocrate comme sénateur de l'Alabama prouve à la moitié abstentionniste du peuple américain que, contre la violence d'Etat, il n'existe qu'un remède, le suffrage du plus grand nombre. Quand le peuple est saturé, indigné, révolté, il peut mettre fin à une crise insupportable en votant non. Ou stop.
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